L'industrie forestière recevra de l'aide du gouvernement, affirme Stephen Harper

Ottawa — Devant la crise qui secoue l'industrie forestière, le gouvernement fédéral pourrait présenter bientôt des mesures d'aide, a confié hier le premier ministre Stephen Harper, sans offrir plus de détails.
C'est la première fois que le gouvernement Harper laisse entendre qu'il pourrait mettre en branle des mesures pour se porter au secours des compagnies forestières malmenées par des années d'affrontement à cause du conflit commercial sur le bois d'oeuvre et par un marché peu favorable.Jusqu'à présent, Ottawa s'était borné à répéter que la survie de l'industrie du bois d'oeuvre canadien passait par l'adoption et la mise en oeuvre d'une entente commerciale avec les Etats-Unis.
C'est d'ailleurs hier que l'accord canado-américain sur le bois d'oeuvre est entré en vigueur.
«Malgré cette entente, il reste des défis énormes pour cette industrie et nous proposerons dans l'avenir proche des mesures pour aider cette industrie», a déclaré M. Harper, en point de presse à Toronto, hier.
Autant en français qu'en anglais, le premier ministre s'est fait avare de détails sur le type d'aide qui pourrait être apporté. Le gouvernement conservateur ne s'est jamais montré très enthousiaste à l'idée de soutenir l'industrie forestière par des mesures directes.
Dans l'entourage du premier ministre, on n'osait pas dire à quoi M. Harper pouvait faire référence. Au cabinet du ministre de l'Industrie, Maxime Bernier, on était tout aussi prudent, voire surpris des commentaires du premier ministre.
On sait que le gouvernement conservateur a l'intention de dévoiler, dans les semaines à venir, un programme d'aide aux travailleurs âgés. Toutefois si ce programme venait en aide à une partie des travailleurs mis à pied par les scieries, les entreprises demeureraient en plan.
L'aide aux travailleurs est incontournable, mais il faut aussi penser aux entreprises, soutient le Bloc québécois qui suggère des mesures précises.
«Ça prend des mesures concrètes qui peuvent être mises en place dès maintenant par le gouvernement, par exemple des mesures fiscales pour améliorer la compétitivité ou le renouvellement des équipements», a souligné la députée bloquiste Claude DeBellefeuille.
Depuis quelques semaines, les annonces de fermetures d'usines se succèdent, laissant entrevoir un avenir plutôt sombre pour plusieurs petites communautés du Québec, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick.
Mercredi, Domtar annonçait la fermeture «pour une période indéfinie» de quatre scieries employant au total 950 personnes. La journée précédente, Abitibi-Consolidated confirmait la fermeture de quatre scieries au Québec, mettant à pied 700 travailleurs.
La semaine dernière, Cascades procédait à une annonce similaire, mettant temporairement à pied les 200 travailleurs de Scierie Lemay au Lac-Saint-Jean. La réouverture de cette usine ne sera pas possible sans l'aide du gouvernement, précisait l'entreprise.
La crise qui secoue l'industrie québécoise gronde depuis longtemps, a rappelé cette semaine le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), qui presse le gouvernement du Québec de mettre en oeuvre des mesures pour faire baisser les prix de la fibre au mètre cube.
Pour cela, il faut que les entreprises soient délestées de certaines de leurs responsabilités, comme l'entretien des chemins forestiers et la lutte contre les incendies, réclame le CIFQ, qui avertit que cette crise n'est pas encore finie.
Hier, Stephen Harper a argué que sans l'entente commerciale canado-américaine «nécessaire pour assurer une certaine stabilité à l'avenir», les choses seraient bien pires.
Les mises à pied massives sont dues «au ralentissement du marché du bois d'oeuvre aux États-Unis, a fait valoir le premier ministre. Il fallait signer cette entente sinon les choses allaient être bien plus graves et se seraient détériorées plus rapidement.»