Après seulement trois mois - Le président d'Airbus démissionne

Paris — Après trois mois seulement à la tête d’Airbus, le président de l’avionneur européen, Christian Streiff, a démissionné. En pleine crise économique liée aux retards de livraison de l’A380, il a été remplacé hier par le coprésident d’European Aeronautic Defence & Space (EADS), Louis Gallois.
La démission du patron d'Airbus entre en vigueur «avec effet immédiat ce jour», a annoncé hier la maison mère EADS dans un communiqué. Le conseil d'administration du groupe d'aéronautique et de défense a nommé M. Gallois pour lui succéder immédiatement. Ce dernier conserve ses fonctions de coprésident d'EADS. Tom Enders, l'autre coprésident, supervisera toutes les autres divisions du groupe hors Airbus. «La nouvelle structure de la direction permettra, d'une part, une gouvernance plus simple et plus efficace et, d'autre part, de nouvelles économies de coûts dans l'ensemble du groupe EADS», est-il écrit dans le communiqué.M. Streiff avait rejoint Airbus il y a trois mois seulement, et il menaçait depuis une semaine de quitter son poste si on ne le laissait pas diriger l'avionneur à sa façon.
Dans un entretien paraissant aujourd'hui dans le quotidien français Le Figaro, il explique être «arrivé progressivement à la conviction que le mode de gouvernance d'entreprise d'Airbus ne permettait pas la réussite de [son] plan».
«Je souhaitais limiter le plus possible les doublons entre les fonctions support [sic] d'EADS et celles d'Airbus, de manière à permettre aux équipes d'Airbus d'être entièrement concentrées sur un seul objectif: la réussite du plan de relance», souligne l'ancien directeur général adjoint de Saint-Gobain, qu'il avait quitté en juillet.
Un début
Interrogé sur la nouvelle structure annoncée par EADS, il note qu'il s'agit d'un «début», d'un «pas dans la bonne direction». Mais «il faut remettre Airbus aux commandes de son propre avion, et non pas le piloter "via" EADS», insiste Christian Streiff. «Je crois que, si mon successeur n'a pas les coudées franches et si la gouvernance d'Airbus n'évolue pas, alors oui, l'avenir de l'entreprise est préoccupant.»
Dans son communiqué, European Aeronautic Defence & Space a noté que son conseil d'administration avait réitéré son «soutien unanime» au programme de réduction des coûts et de réorganisation industrielle d'Airbus «Power8», ainsi qu'à «la mise en oeuvre immédiate du plan de redressement de l'A380».
Le plan «Power8» prévoit des économies annuelles «durables» d'au moins deux milliards d'euros à partir de 2010 et une économie cumulée d'environ cinq milliards d'euros d'ici cette date. L'objectif est de contrer l'impact financier des retards de l'A380 et la faiblesse du dollar par rapport à l'euro.
La maison mère d'Airbus a annoncé le 3 octobre un retard d'un an supplémentaire en moyenne dans le calendrier de livraison du très gros porteur A380, dont le premier modèle ne sera désormais livré qu'en octobre 2007. Treize appareils seront livrés en 2008, 25 en 2009 et 45 en 2010, selon les prévisions d'EADS.
L'action du groupe a reculé de 1,3 % à 20,16 euros à la clôture de la Bourse de Paris, avant la confirmation de cette démission.