Wall Street remonte après six semaines de baisse
New York - Wall Street s'est envolée pour la deuxième journée consécutive hier, grâce notamment à une chasse aux bonnes affaires déclenchée par l'annonce d'un bénéfice correspondant aux attentes chez General Electric après un début de semaine catastrophique. La Bourse américaine a ainsi pu progresser cette semaine, après six reculs hebdomadaires consécutifs. Les analystes estiment que le mouvement va probablement continuer alors que les mauvaises nouvelles au niveau des résultats ont déjà été prises en compte.
Le Dow Jones, principal indicateur de Wall Street, a clôturé hier à 7850,29 points, en hausse de 4,3 % sur la semaine, et l'indice composé de la Bourse électronique Nasdaq a progressé de 6,2 % à 1210,47 points. L'indice Standard and Poor's 500, plus représentatif de la tendance générale, a gagné 4,3 % à 835,32 points. Il s'agit de la meilleure performance hebdomadaire de ces indices depuis la semaine achevée le 9 août pour le Dow Jones et le S&P 500, et celle terminée le 17 mai pour le Nasdaq.Mercredi, le Dow Jones était tombé à son plus bas niveau depuis près de cinq ans et le Nasdaq depuis plus de six ans.
«On ne va pas avoir des hausses de 4 % tous les jours. Mais la Bourse va arrêter de baisser et se stabiliser pendant un petit moment en octobre, et le reste de l'année elle devrait grimper», a déclaré Tom Schrader, principal courtier de la firme Legg Mason Wood. «On a eu deux séances de hausse consécutives qui ont mis fin à six semaines de recul. C'est une bonne nouvelle», a souligné pour sa part Art Hogan, analyste de la maison de courtage Jefferies. «Les mauvaises nouvelles sont derrière nous. Tout a été dit dans les pré-annonces de résultats.»
Selon la firme spécialisée First Call, 642 sociétés américaines, soit 53 % du total, ont fait des prévisions de résultats trimestriels inférieures aux attentes des analystes ces dernières semaines. Par contre, 282 sociétés, soit 23 % seulement, ont fait des prévisions supérieures et, pour 278 d'entre elles (23 %), les estimations correspondaient à celles du marché.
«L'humeur des investisseurs semble changer: pendant des semaines ils se concentraient sur le négatif et maintenant ils semblent s'intéresser aux bonnes nouvelles, a indiqué Peter Cardillo, stratège de la maison Global Partners Securities. Reste à savoir si le marché peut continuer à progresser alors que nous attendons plus de chiffres économiques et des résultats de sociétés.»
Emportée par son optimisme, la Bourse n'a pas réagi hier à l'annonce d'une forte baisse des ventes de détail en septembre (-1,2 %) et d'une chute de l'indice de confiance des consommateurs américains en octobre, établi par l'université du Michigan, à son plus bas niveau depuis septembre 1993 (80,4 points). Les investisseurs semblent également avoir mis de côté leurs inquiétudes sur l'éventualité d'une guerre avec l'Irak, malgré un vote de la Chambre des représentants autorisant le président George W. Bush à recourir le cas échéant à la force contre Bagdad.
Bourse casino
«Le marché voulait monter aujourd'hui, et il a monté, a commenté un vendeur parisien. Il n'y a pourtant pas de raisons évidentes, ni à sa baisse de 25 % en un mois ni à sa hausse de près de 10 % en deux jours; c'est devenu un casino. Il n'y a pourtant pas de visibilité sur l'économie, et l'indice de confiance du Michigan a été mauvais. C'est assez étrange, mais personne n'est capable de prédire ce que le marché fera à la séance suivante.»
À Toronto, le principal indice, le S&P/TSX, a pris 165,81 points, ou 2,9 % hier, à 5978,66. Il s'agissait d'un deuxième gain quotidien consécutif et d'une progression hebdomadaire de 0,7 % malgré de lourdes pertes en début de semaine. «Le marché s'est récemment fait si brutal, alors qu'il revient maintenant à quelque chose de plus normal», a estimé Sal Masionis, courtier chez Brant Securities, en parlant du marché torontois. «Il y a encore beaucoup d'achats pour couverture», a-t-il ajouté, faisant référence aux investisseurs qui empruntent des actions et les vendent pour tenter de les racheter lorsque leur cours baisse en Bourse. Lorsque les marchés se redressent, toutefois, ces opérateurs doivent rapidement racheter les actions avant que le prix ne soit trop élevé.
Les investisseurs se sont rués sur les titres technologiques, propulsant le secteur de 6,8 % à Toronto. Mais les dix sous-groupes de la Bourse de Toronto ont terminé en hausse, celui des services financiers avançant de 3,3 %.