Démocratiser le théâtre jeunesse par la marionnette

Laetitia Arnaud-Sicari
Collaboration spéciale
Constitué de poubelles et d’objets désuets, le spectacle Pile Up de Meute Monde vise notamment à éveiller la conscience environnementale chez les enfants et leurs parents.
Photo: Marco Iammatteo Constitué de poubelles et d’objets désuets, le spectacle Pile Up de Meute Monde vise notamment à éveiller la conscience environnementale chez les enfants et leurs parents.

Ce texte fait partie du cahier spécial Culture Montérégie

Après avoir constaté qu’il y avait un « grand besoin d’amener du théâtre de qualité dans les écoles », Joanie Papillon a fondé, en 2018, la compagnie de théâtre jeunesse Meute Monde, située en Montérégie. Cinq ans après sa création, son entreprise continue de démocratiser le sixième art pour le jeune public, tout en sensibilisant ce dernier aux défis environnementaux par des spectacles qui marient musique, danse, théâtre et marionnettes.

Depuis ses débuts, Meute Monde se déplace principalement dans les écoles et dans les garderies de la région montérégienne pour présenter des spectacles et organiser des ateliers interactifs destinés aux enfants. « L’idée était d’amener du théâtre à tous les enfants dans un milieu démocratique en leur offrant des oeuvres gratuites pour eux. De plus, il y avait l’idée de concevoir la scénographie des spectacles avec des matériaux recyclés pour inciter les familles et les enfants à consommer moins et les inviter à faire du bricolage avec des objets désuets », explique Joanie Papillon, fondatrice et directrice artistique de Meute Monde.

Selon Mme Papillon, la démocratisation du théâtre passe aussi par l’implication des jeunes dans le processus de création. « Lorsqu’on fait des spectacles, les interprètes viennent dans la salle et invitent les enfants à venir sur scène. Après le spectacle, on les laisse aussi toucher les marionnettes. Dans nos ateliers dans les écoles, les enfants fabriquent leur propre marionnette et apprennent à la manipuler », détaille-t-elle. « C’est très démocratique pour un artiste, aussi. C’est très beau, pour moi et pour mes premières expériences professionnelles, de créer un spectacle que tu peux faire entrer dans une voiture. Tu fais le spectacle avec tes moyens. Ça porte bien la mission de Meute Monde », ajoute Virginie Daigle, interprète pour la compagnie de théâtre jeunesse.

Une expérience « communautaire »

Quand on incorpore des marionnettes dans les spectacles, l’imagination des jeunes et des parents est assurément stimulée, d’après Joanie Papillon et Virginie Daigle. « Ce qui est le fun avec la marionnette, c’est que c’est une discipline qui mise sur l’imaginaire du public. Il y a comme une suggestivité puisque c’est souvent muet. Le jeune doit aussi s’impliquer de façon créative et émotivement dans l’histoire, car on l’invite à compléter l’histoire lui-même », souligne Mme Papillon. « Que l’on associe la dramaturgie à l’univers de l’enfance ou non, selon moi, une bonne matière dramatique peut être appréciée par n’importe qui », croit Mme Daigle.

Pour la directrice artistique de Meute Monde, la Montérégie est un endroit vivant pour le théâtre jeunesse. « Il y a beaucoup de jeunes familles, ici, et c’est une région encore accessible. Nos voisins comprennent vraiment bien notre mission. Il y a une grande communauté de marionnettes à Montréal, mais ce n’est pas tout le monde qui veut faire 40 minutes de route, donc la décentralisation aide à l’accès au théâtre », pense-t-elle.

En décembre 2022, Meute Monde a obtenu 12 000 $ pour la reprise du spectacle Noël ensemble, dans le cadre du Programme de partenariat territorial de la Montérégie-Ouest. « On génère aussi des revenus de nos activités. L’année dernière, on a été financés par Desjardins Assurances, ce qui a permis de produire le spectacle Pile Up, au Gesù. Puis, cette année, on a eu notre première campagne de financement », indique Joanie Papillon.

L’année prochaine, « si tout va bien », la compagnie de théâtre jeunesse entreprendra un projet « colossal » en partenariat avec sept entreprises situées aux États-Unis, au Brésil et au Canada, raconte la directrice artistique. « [Avec Spooky], on va s’adresser au même public et aux adolescents. On va s’intéresser aux héritages culturels et à comment on se rencontre », précise-t-elle. « On veut aussi créer une dramaturgie avec les mouvements et le visuel. C’est aussi à propos de la peur, de la sécurité, du confort et de l’inconfort. Ça sera un beau défi de générer des conversations interculturelles à travers le spectacle », estime Virginie Daigle.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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