L’art à portée de menottes

L’équipe du festival,composée de Manon Martin, Élizabeth Adel, Valérie Beaulieu, Marie-Lys Leroux, Camille Cormier-Trudel et Clara Sassi
Marie-France Coallier Le Devoir L’équipe du festival,composée de Manon Martin, Élizabeth Adel, Valérie Beaulieu, Marie-Lys Leroux, Camille Cormier-Trudel et Clara Sassi

Théâtre, rencontres, expositions, spectacles multisensoriels et interactifs, ateliers divers, la programmation de la 19e édition de ce festival créé spécialement pour les tout-petits de 6 mois à 6 ans s’annonce riche et variée. Élizabeth Adel et Manon Martin, respectivement chargée de projets et de communications au festival Petits bonheurs, offrent un aperçu de cet événement annuel qui sera lancé le 5 mai prochain à la Maison de la culture Maisonneuve.

Attirer, stimuler et surtout garder l’attention des enfants pendant toute la durée d’un spectacle peut être ardu. Mais l’équipe du festival Petits bonheurs a cette mission bien ancrée dans son ADN de proposer une offre immersive et participative afin de faire vivre aux tout-petits non seulement une rencontre, mais un éveil à la scène, au théâtre et à la création. « Souvent, c’est la première expérience de spectacle ou d’atelier, c’est la première fois que les petits vont voir projeter une forme d’art. Donc, on veut en fait que cette première expérience soit marquante et qu’elle soit positive pour l’enfant et pour la famille au complet », explique Manon Martin, jointe au téléphone par Le Devoir. Élizabeth Adel renchérit en soulignant que les artistes présents dans la programmation utilisent justement différents moyens d’expression adaptés à ce jeune et grouillant public afin de capter leur attention. Elle évoque au passage L’instant musical, de la compagnie Tigouli, un atelier musical offert aux 6 mois et plus pendant lequel les parents partagent et explorent les sonorités réalisées à partir d’instruments de musique et de matières différentes (bois, papier, textile).

Manon Martin ajoute que chaque spectacle est pensé en fonction du public. « On a des formes de spectacles qui sont plus conventionnelles, [mais aussi] des formes qui amènent les enfants à participer directement au spectacle ou à être au centre de la scène. Je pense à Poisson papier, de la compagnie Foolish Operations. C’est un spectacle dans lequel les enfants vont devenir cocréateurs […] ils vont prendre part au spectacle. » Favorisant la participation, le théâtre pour les tout-petits laisse ainsi place à tous les possibles et ne s’impose que très peu de contraintes. Rire, pleurer, gigoter, danser fait partie du rituel, voire de l’essence de ces spectacles hors norme. « Si l’enfant veut se lever, il se lève […] Les enfants participent par leurs actions, leurs rires, leurs pleurs. Tout cela est permis, et on le précise à chaque début de représentation, de laisser vivre les émotions. Et s’il y a un problème, les parents peuvent partir, mais il n’y a aucune restriction à avoir toutes les émotions possibles », explique Manon Martin.

S’ouvrir à la découverte

Lieu ouvert et accueillant, le festival permet ainsi d’initier les très jeunes enfants aux arts de façon conviviale et participative. Une approche qui reste, selon Élizabeth Adel, plus qu’enrichissante pour les petits : « Il est prouvé que les arts sous toutes leurs formes peuvent apporter [quelque chose], peuvent aider au développement global de l’enfant […] il faut essayer de promouvoir l’art sous toutes ses formes. » Et aux sceptiques qui pourraient douter ou hésiter à emmener leur bébé au festival, la chargée de projets ajoute qu’il s’agit simplement de laisser place à la découverte. « L’art peut prendre diverses formes, et souvent les gens ne s’en rendent pas compte nécessairement. Je dirais d’inviter les enfants à vivre des expériences différentes tout simplement. Toutes sortes d’expériences artistiques peuvent favoriser le développement de l’enfant ». Manon Martin approuve en disant que la participation au festival permet en plus d’investir dans le souvenir. « Parce qu’effectivement, tous les spectacles sont pensés pour eux […] Et avec notre volet scolaire — les CPE, garderies, écoles et milieux de garde —, on touche quand même beaucoup d’enfants, et les échos qu’on a des instituteurs et des éducateurs, c’est que les enfants s’en souviennent […] On sait que ça marque, une expérience comme ça, aussi proche, aussi intimiste. »

Pleins feux sur Cara Carmina

 

L’idée de faire participer les tout-petits, de les intégrer d’une certaine façon aux différentes créations présentées s’installe dès la première journée du festival avec le 4 à 6 des tout-petits, un événement convivial qui permettra aux enfants de plonger dans l’univers de l’autrice et illustratrice Cara Carmina. Présente sur place, l’artiste d’origine mexicaine, en plus de s’adonner à deux lectures publiques avec son invitée, l’illustratrice Manon Gauthier, invite les enfants à découvrir leurs propres qualités et talents dans une exposition interactive inspirée de sa série d’albums « Les lapins malins ». « L’idée de l’exposition, c’est de s’interroger. L’enfant va déambuler dans l’exposition [et], à travers les différentes personnalités des lapins, [il] va trouver des liens avec [la sienne]. Déambuler et se rendre compte que lui-même est unique et qu’il a une personnalité unique, comme tous les lapins de tous les livres de Cara Carmina », explique Manon Martin. S’ajoutera aussi à cette activité un espace de coloriage prévu au bout duquel les oeuvres des petits seront présentées sur un mur d’oeuvres collectives. Et si le festival se tient du 5 au 14 mai à Montréal, plusieurs activités sont prévues tout au long de l’année à travers la province grâce au Réseau Petits bonheurs.

À ne pas manquer

Parmi les temps forts du festival, on retient Le petit capuchon rouge, la nouvelle création du Théâtre Bouches Décousues. Une proposition pour les 3 ans et plus présentée par Jasmine Dubé et le musicien Christophe Papadimitriou, le 6 mai au Musée Pointe-à-Callière.

À retenir aussi : deux bancs d’essai qui permettent de soutenir la relève. D’abord, Nora la trotteuse, de Mylène Guay, Roxane Beaulieu et Gabrielle Marquis. Un spectacle poétique et multidisciplinaire alliant musique et marionnette. Les 5, 6 et 7 mai à la Maison de la culture Maisonneuve. Puis, Renard doux, du théâtre d’objets offert par Sylvie Gosselin et présenté les 12 et 13 mai à la bibliothèque Langelier. Dans cette douce prestation, elle raconte la relation privilégiée entre une petite fille et sa grand-mère. Pour les 4 ans et plus.


Une version précédente de ce texte, qui mentionnait un évènement nommé Tigouli, a été corrigée.

Festival Petits bonheurs

Du 5 au 14 mai dans différents centres culturels de la métropole



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