«La nuit du Cerf»: du cirque à saveur de 7e art

Dès le début, c’est sur une grande toile qu’est projeté le décor de l’histoire qui va se dérouler sous nos yeux, mais aussi que sont présentés les personnages, comme dans tout bon générique. En arrière-plan, on découvre déjà la virtuosité des interprètes.
František Ortmann Dès le début, c’est sur une grande toile qu’est projeté le décor de l’histoire qui va se dérouler sous nos yeux, mais aussi que sont présentés les personnages, comme dans tout bon générique. En arrière-plan, on découvre déjà la virtuosité des interprètes.

Mercredi soir se déroulait, au théâtre Gilles-Vigneault à Saint-Jérôme, le spectacle La nuit du Cerf de la compagnie française Cirque Le Roux. Une œuvre qui fait suite à son premier succès The Elephant in the Room, et qui nous plonge de nouveau dans un univers unique où s’entremêlent virtuosité, théâtre, cinéma et burlesque.

Comme dans son premier opus, le Cirque Le Roux embrasse à bras ouverts le 7e art. Dès le début, c’est sur une grande toile qu’est projeté le décor de l’histoire qui va se dérouler sous nos yeux, mais aussi que sont présentés les personnages, comme dans tout bon générique. En arrière-plan, on découvre déjà la virtuosité des interprètes qui se balancent les uns les autres dans des corps à corps et des main à main en toute simplicité.

L’histoire est alors dévoilée : Nouvelle Vague française et mouvement Grinhouse américain des années 1970. Mme Betty, que l’on suit dans la première partie de l’œuvre triptyque de la compagnie, est morte. Pour cette occasion funèbre, ses trois enfants et deux de leurs conjoints se réunissent dans la maison familiale, en pleine forêt. Caricaturaux, maladroits, extravagants… les personnages s’affirment dans leur originalité et on comprend rapidement les liens qui les unissent. Entre complicité et jugement, la famille tente de se supporter et de s’aimer, tant bien que mal !

Tout à coup, un nouveau personnage surgit. Paniqué, il aurait frappé un cerf et cherche de l’aide. Son entrée foudroyante bouleverse la famille, mais on constate finalement que le hasard est loin d’avoir été l’instigateur de cette nouvelle rencontre. Amour et trahison sont en fait à la base de cette épopée à la fois clownesque et sensible. Mais chut ! On ne vous dévoile pas toutes les surprises de cette pièce !

Une œuvre bien ficelée

Fil de fer, voltige, banquine, main à main, équilibres… Les six circassiens entrecroisent les moments de virtuosité avec le jeu théâtral, les textes, la danse et les changements de décor. Tout ce mélange fonctionne d’ailleurs à merveille grâce à une trame narrative solide. En plus d’être impressionné par les prestations physiques, on s’attache aux personnages et on plonge complètement dans l’intrigue.

Pour couronner le tout, La nuit du Cerf propose une scénographie très élaborée. On peut vraiment voir différentes pièces de la maison, où se déroulent parfois des événements en parallèle, où les ambiances diffèrent notamment grâce aux lumières et aux accessoires et où les personnages vivent leurs aventures, ensemble, ou séparément.

 

L’œuvre offre une belle cohérence tout en jouant sur l’alternance de saynètes détachées de l’histoire, qui misent souvent sur la tendresse et offrent un nouveau regard sur un personnage, ainsi que sur l’espace scénique. Enfin, la musique d’Alexandra Stréliski vient enrober le tout de nuances, d’envolées lyriques et affirme encore davantage l’aspect cinématographique.

Toujours dans la justesse, les artistes incarnent à la fois leur personnalité scénique souvent dans l’humour, tout en alternant avec des moments où la grâce et la douceur soutiennent la technicité et évitent aussi le plus possible les risques. L’alchimie et la confiance entre les artistes se ressentent et sont belles à voir.

Le Cirque Le Roux manie avec brio les différents médiums pour raconter une histoire. La dramaturgie est en effet magiquement soutenue par les corps, la danse et les habilités de chacun. L’hommage cinématographique est lui aussi très clair. De plus, les artistes se renouvellent constamment dans leur style. La recherche est élaborée : portés inusités, structures humaines innovantes, voltiges originales, acrobaties surprenantes… La chorégraphie circassienne est très travaillée, et habilement ficelée. Une belle aventure à voir et à vivre !

La nuit du Cerf

Du Cirque Le Roux, à La Tohu du 25 au 30 avril, au Diamant du 4 au 6 mai, au Centre culturel universitaire de Sherbrooke le 9 mai, et au théâtre Hector-Charland le 12 mai.

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