«Mythe», la nouvelle oasis de paix de Mykalle Bielinski

Avec l’éclairage tamisé, la musique apaisante, la légère fumée et la douce odeur de conifère, sans oublier la tisane réconfortante, le contexte dispose certainement le spectateur à l’introspection.
Photo: Sandrick Mathurin Avec l’éclairage tamisé, la musique apaisante, la légère fumée et la douce odeur de conifère, sans oublier la tisane réconfortante, le contexte dispose certainement le spectateur à l’introspection.

Après le solo Gloria, « opéra immersif multimédia alliant chant théâtral, musique électronique et vidéo », Mykalle Bielinski est de retour avec une pièce de groupe, un quintette qui « chante l’écho de ses craintes et aspirations devant la perspective de la mort » : Mythe. Avec Florence Blain Mbaye, Elizabeth Lima, Émilie Monnet et Laurence Dauphinais — captivant choeur de femmes —, la créatrice scande poèmes et prières, entonne chants de guérison et d’affirmation, invite au recueillement et à la méditation.

Après un passage à l’OFFTA en 2018, puis une apparition toute récente au Mois Multi à Québec, la création multimédiatique et multisensorielle, immersive et inclusive, est présentée ces jours-ci à Espace libre. Libéré de son manteau et de ses bottes, le spectateur est invité à s’asseoir sur le sol, vaste surface blanche et moelleuse parsemée de coussins, un paysage immaculé, découpé par de gros morceaux de bois qui permettent de s’appuyer. Avec l’éclairage tamisé, la musique apaisante, la légère fumée et la douce odeur de conifère, sans oublier la tisane réconfortante, le contexte dispose certainement le spectateur à l’introspection.

Porté par de sublimes polyphonies vocales, des chants improvisés ou inspirés de la tradition bulgare, offerts a cappella ou accompagnés d’un orgue solennel, le spectacle — une soixantaine de minutes qu’on nous propose de dédier à la mémoire d’un être disparu en inscrivant son nom sur un bout de papier — est un générateur de frissons, un voyage spirituel, sacré et souvent poignant, un retour aux sources et un hymne à la vitalité du féminin. On réfléchit au sens de la vie et de la mort, à nos croyances et à nos aspirations, en somme à ce qui nous incite à nous lever chaque matin.

Malheureusement, la cohérence de la dimension musicale ne se retrouve pas dans la dramaturgie. Le rituel qui s’exécute sous nos yeux est certes intrigant, mais il est aussi bien mystérieux, parfois même abscons. C’est que la courtepointe de mots, parlés ou chantés, clamés ou psalmodiés, en anglais aussi bien qu’en français, ratisse bien large. On cite Eckhart Tolle, Mircea Eliade et Hildegarde Von Bingen. On puise à différentes mythologies, qu’elles soient orientales, grecques, autochtones ou bibliques. On entrelace les sciences pures, humaines et cognitives. Au coeur de cette déroutante profusion, en somme, c’est au spectateur de faire son chemin, de trouver matière à son éveil et à son apaisement.

Mythe

Musique, texte et mise en scène : Mykalle Bielinski. Une production de La Serre – arts vivants. À Espace libre jusqu’au 16 février.

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