Théâtre à Québec: un pied dans chaque case

Pascale Renaud-Hébert et Olivier Arteau sont de ces artistes de théâtre qui voguent entre la mise en scène, le jeu et l’écriture.
Photo: Francis Vachon Le Devoir Pascale Renaud-Hébert et Olivier Arteau sont de ces artistes de théâtre qui voguent entre la mise en scène, le jeu et l’écriture.

Si de nombreux artistes de théâtre se spécialisent dans un aspect de la création, notamment le jeu, l’écriture ou la mise en scène, d’autres gardent un pied dans chaque case. Olivier Arteau et Pascale Renaud-Hébert sont deux de ces figures qu’on verra à plusieurs reprises, sous différents couvre-chefs, sur les scènes de Québec cet hiver.

On pourra, d’une part, les voir l’un et l’autre rassemblés, côté jeu, dans Je me soulève, de Gabrielle et Véronique Côté. Ce spectacle tout en mots, qui plonge comme l’avait fait Attentat dans la poésie québécoise contemporaine, mettra à l’honneur une vingtaine de plumes lues par presque autant de comédiens.

À la mise en scène, on verra par ailleurs Arteau (Made in Beautiful, La Belle Provinceau texte et à la mise en scène, Celle qui s’promène avec une hache au jeu) diriger Foreman (voir encadré) ainsi qu’Antigone. Dans cette réappropriation qu’il pilote, une réécriture de l’œuvre de Sophocle a été commandée à trois auteures : Marjolaine Beauchamp, Annick Lefevre et… Pascale Renaud-Hébert.

Photo: Renaud Philippe Le Devoir Olivier Arteau

Celle-ci, qu’on a vue ces dernières années au texte avec Le jeu, à la mise en scène avec Embrigadés et au jeu dans L’art de la chute, et qu’on retrouvera aussi comme coscénariste à la télévision pour la série M’entends-tu ?, sera pour sa part de la distribution de Rotterdam (voir encadré), en ouverture de saison à La Bordée. On reprendra également cette saison Sauver des vies, créée il y a trois ans à Premier Acte, dont elle signe le texte et la mise en scène. Sur les planches de La Bordée cette fois, on retrouvera son récit sensible sur la maladie et la mort.

En rafale

 

En rafale, nommons par ailleurs quelques titres à l’affiche cet hiver. Après sa création cet automne à La Licorne, le Bonne retraite, Jocelyne de Fabien Cloutier s’amène au Trident, où il ouvrira la saison avec son souper souhaité tranquille mais qui tranquillement révèle les failles d’une famille.

En ouverture de saison également, on retrouvera au Périscope l’imaginaire de Pierre Robitaille (Pupulus Mordicus) qui, avec Jasmine Dubé et le Théâtre Bouches décousues, présente Lascaux, une fable sur les origines de l’art et de l’humanité. Les mêmes murs du théâtre de la rue Crémazie accueilleront également Les murailles, adaptation du roman d’Erika Soucy qui arpente les chantiers de la Côte-Nord, alors qu’Entre autres, du théâtre documentaire comme nous y a habitué Alexandre Fecteau, fermera la saison. Sur la base de dialogues avec divers citoyens, le spectacle abordera les opinions et la polarisation des idées.

De son côté, Premier Acte présentera, entre autres titres, Untouched Land alias toi pis ta solitude en sachet déshydraté, un spectacle de Maude Boutin St-Pierre et Érika Hagen-Veilleux entre théâtre, musique, cirque et poésie. Enfin, Rashomon, dans une mise en scène de Lorraine Côté, une adaptation des nouvelles de Ryûnosuke Akutagawa et du film d’Akira Kurosawa, fermera la saison de Premier Acte… dans les locaux du restaurant La Cuisine.

La question du genre

Incontournable depuis quelques années, la question du genre trouve cet hiver des reflets notables dans la saison théâtrale. À commencer par Rotterdam, un texte de l’Anglais Jon Brittain (mise en scène d’Édith Patenaude), et Beef, de Dayne Simard (mise en scène d’Anne-Marie Olivier), qui ouvriront respectivement la saison à La Bordée et à Premier Acte. Le premier raconte les tribulations d’un couple homosexuel dont l’une des moitiés souhaite changer de sexe, alors que la seconde campe ses personnages en région afin d’interroger l’idéal viril. Au Périscope, Foreman, de Charles Fournier (mise en scène d’Olivier Arteau et Marie-Hélène Gendreau), a pour toile de fond une cabane rassemblant une bande de gars ; là aussi le désir apparaît manifeste d’interroger les codes de la masculinité.

De façon moins frontale, deux titres risquent aussi d’avoir des résonances avec ces thèmes. Astronettes, une longue marche vers les étoiles (Marie-Josée Bastien et Caroline B. Boudreau), qui met en scène des femmes dans une course à la future colonisation de la planète Mars, ainsi que Christine, la reine-garçon (Marie-Josée Bastien), qui met en scène le XVIIe siècle et la reine de Suède imaginée par Michel Marc Bouchard, soulèveront sans doute quelques réflexions sur le sujet.


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