Libre Tom Sawyer

Les comédiens Simon Beaulé-Bulman, Gabriel Lemire et Paméla Dumont
Photo: Théâtre Advienne que pourra Les comédiens Simon Beaulé-Bulman, Gabriel Lemire et Paméla Dumont

Saint Petersburg. Le jeune et fougueux Tom Sawyer a soif de liberté et d’aventures. Pris en charge par sa tante Polly, une femme rigide mais aimante, constamment surveillé par son cousin Sydney, il préfère de loin la douceur du Mississippi à tous les travaux qui restreignent son envie de rêver. Un soir, son fidèle ami Huckleberry Finn l’invite à passer une nuit au cimetière. Ils seront témoins, bien malgré eux, d’un meurtre. Décidant de taire ce qu’ils ont vu, Huck et Tom poursuivent leurs aventures jusqu’au procès où le pauvre innocent, Muff Potter, est accusé. La liberté sera alors plus forte que le pacte.

Dans un décor rappelant d’abord ces bateaux à vapeur voguant sur le Mississippi au XIXe siècle, quatre comédiens entrent en scène sur une musique entraînante de Ludovic Bonnier mêlant banjo, guitare, gazou, un folk qui nous fait quitter la région de Lanaudière et nous transporte dare-dare dans le Missouri. Utilisant balai, corde à danser et peigne, les personnages miment la musique et donnent le ton à l’ingéniosité qui fonde la mise en scène de cette adaptation. Fidèle au texte de Twain, l’auteur et metteur en scène Philippe Robert parvient à raconter l’essentiel des aventures vécues par le personnage légendaire tout en gardant le ton humoristique, vif et mordant de l’auteur américain. Depuis cette clôture que Tom (Gabriel Lemire) parvient — grâce à sa ruse — à faire repeindre par Ben Rogers (Simon Beaulé-Bulman) et Billy Fisher (Sébastien René), jusqu’au moment passé dans la grotte avec sa fiancée Becky Thatcher (Paméla Dumont) en passant par l’escapade sur l’île Jackson, les moments choisis mettent l’accent sur la liberté et la loyauté du jeune espiègle.

Faire beaucoup avec peu

 

L’ingéniosité avec laquelle Philippe Robert utilise l’espace et les accessoires relève du tour de force. Le spectateur passe en un clin d’oeil de l’île Jackson, décorée de simples feuillages, à la prison de façon tout à fait naturelle. L’espace réduit qu’offre la roulotte de Buissonneau ne constitue ainsi en aucun moment un obstacle à l’effet de réel présenté. Au contraire, elle permet à l’imagination de se déployer. L’intelligence de la mise en scène est admirablement soutenue par le jeu des quatre comédiens, tous aussi impétueux que le sont les personnages de Twain.

Bravant la chaleur écrasante qui régnait sur la plage municipale de la ville de Rawdon mercredi soir, le quatuor a su enchaîner les scènes avec une fluidité et une facilité apparentes. Gravitant autour de Gabriel Lemire, qui était à la fois narrateur — les apartés lancés au public étaient d’ailleurs savoureux — et personnage principal, Paléma Dumont, Sébastien René et Simon Beaulé-Bulman se sont partagé une dizaine de personnages. Sébastien René dans le rôle de tante Polly était tout aussi éclatant de justesse que dans son rôle du coincé Sydney, sans compter le truculent juge, expéditif et brouillon, présenté en fin de pièce. Un moment particulièrement cocasse. Paméla Dumont, en douce Becky, parvient à se métamorphoser complètement en endossant le rôle du vieux Muff Potter, courbé et grimaçant. Enfin, Simon Beaulé-Bulman joue pour sa part un Huck à la hauteur de la soif de liberté du personnage tout en enfilant avec rigueur la peau du silencieux Joe la canaille et du simplet Ben Rogers. La polyvalence et la véhémence des comédiens, la richesse du texte et le rythme endiablé maintenu jusqu’à la toute fin font honneur à ce classique de la littérature américaine. Fameux.

Tom Sawyer

Adaptation et mise en scène : Philippe Robert. Avec Simon Beaulé-Bulman, Paméla Dumont, Gabriel Lemire et Sébastien René. Costumes : Sarah Balleux. Décor et accessoires : Francis Farley-Lemieux. Musique : Ludovic Bonnier. Une production du Théâtre Advienne que pourra. Présentée dans les parcs de la région de Lanaudière jusqu’au 26 août.

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