Robert Lepage et Ariane Mnouchkine invitent la communauté autochtone au dialogue

Répétition d’une scène de la pièce «Kanata», en novembre dernier
Photo: David Leclerc Répétition d’une scène de la pièce «Kanata», en novembre dernier

Devant la grogne soulevée par leur prochain spectacle, Robert Lepage et Ariane Mnouchkine ont décidé de tendre la main à la communauté autochtone pour discuter de leur projet, qui doit prendre l’affiche à Paris en décembre prochain.

Dans une lettre publiée par Le Devoir samedi, une vingtaine de personnalités autochtones ont dénoncé l’absence de comédiens issus de leurs nations parmi les 34 artistes à l’affiche de la pièce Kanata, qui se présente comme une relecture de « l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones ».

Ayant pris connaissance de leurs critiques, Ariane Mnouchkine et Robert Lepage invitent les cosignataires à se joindre à eux « pour une rencontre de dialogue » jeudi prochain à Montréal, « seul moment où Mme Mnouchkine peut se déplacer de Paris à Montréal avant un long séjour en Asie », a indiqué la compagnie de Robert Lepage, Ex Machina, par voie de communiqué dimanche soir.

Aucun détail n’a été précisé sur l’heure et le lieu de l’échange, ni même la teneur précise de celui-ci, puisque l’équipe d’Ex Machina était à l’étape d’entrer en contact avec les cosignataires.

« C’est une très belle initiative, c’est ce qu’on demande depuis le début, un dialogue », s’est réjoui l’auteur et comédien d’origine autochtone Dave Jenniss, qui faisait partie de la liste des cosignataires. Il assure qu’il se déplacera jusqu’à Montréal jeudi, même s’il vit dans la région de l’Outaouais, car « il est de son devoir d’être présent à une telle rencontre ».

À ses yeux, il est toutefois un peu tard pour convaincre Mme Mnouchkine et M. Lepage de revoir la sélection des comédiens et espérer qu’une place soit faite à des artistes autochtones pour ce spectacle.

Si on veut de la collaboration, du dialogue, il faut se rencontrer face à face

« Moi, ce que j’attends de cette rencontre, c’est de comprendre le pourquoi de notre absence, explique-t-il. Pourquoi lorsqu’on décide de parler de l’histoire des autochtones, de notre passé, de notre culture, on vient nous consulter, mais ensuite on ne nous fait jamais de place sur scène ? Il y en a plein des artistes autochtones de talent qui se battent pour se faire reconnaître dans le milieu. »

« Il va surtout falloir qu’on se parle tous ensemble, qu’on se fixe des objectifs et qu’on soit tous sur la même longueur d’onde d’ici jeudi pour que cette rencontre soit productive », ajoute de son côté la juriste spécialiste des questions autochtones Alexandra Lorange, qui figure aussi dans la liste des cosignataires.

Elle se dit ravie du geste posé par Robert Lepage et Ariane Mnouchkine, voyant cet appel au dialogue comme une ouverture à la collaboration.

« Jusqu’ici, et c’est ce qui est dommage finalement, le débat se retrouvait juste dans les médias, car il n’y avait aucune ouverture à la discussion autrement. Ariane Mnouchkine a donné sa version des faits au Devoir ; nous, on a répondu. Mais si on veut de la collaboration, du dialogue, il faut se rencontrer face à face », assure la jeune femme.

La controverse autour de Kanata survient dans la foulée de l’annulation à Montréal du spectacle SLĀV de Robert Lepage. La pièce inspirée de chants d’esclaves afro-américains a été montrée du doigt comme exemple d’appropriation culturelle et pour sa distribution majoritairement blanche. Robert Lepage s’est également engagé dimanche à rencontrer le collectif SLĀV-Résistance avant une prochaine diffusion de sa pièce.

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