«Mélanie sans extasy»: mauvais karma

Véronique Pascal interprète la trentenaire Mélanie, qui a du mal à vivre dans un quotidien banal. 
Photo: Annie Éthier Véronique Pascal interprète la trentenaire Mélanie, qui a du mal à vivre dans un quotidien banal. 

Les interprètes qui prennent la plume nous réservent souvent de belles surprises. Pensons à Catherine-Anne Toupin ou à Rachel Graton. On aurait aimé pouvoir en dire autant de la première longue pièce d’Édith Paquet, qui a fait ses armes d’autrice au Théâtre Tout court. Ce n’est hélas pas avec le baptême scénique de sa Mélanie sans extasy, dans la minuscule salle du théâtre Prospero, qu’on a l’impression de découvrir une nouvelle voix dramaturgique.

Comme plusieurs, Mélanie (Véronique Pascal) a du mal à vivre dans un quotidien banal. À la mi-trentaine, elle cherche encore son ancrage existentiel, entre un emploi routinier, des amants d’un soir et les accrochages avec sa soeur, une superwoman autoritaire (jouée par Édith Paquet elle-même) à laquelle elle ne veut surtout pas ressembler. Mais une rencontre inopinée avec un ancien amant et compagnon de rave (le doué Éric Robidoux, ici criminellement gaspillé, même s’il compose aussi un yogi) rappelle à Mélanie que les substances illicites ne sont pas non plus la solution à sa quête d’illumination. Pourquoi pas le yoga ?

La comédie dramatique platement mise en scène par Nicolas Gendron (qu’on a vu plus inspiré dans L’enfance de l’art) navigue plutôt maladroitement entre les genres. Disons-le : on a souvent l’impression d’assister à un téléroman, surtout lors des scènes entre la protagoniste et safamille, qui oscillent entre un bavardage banal et un drame psychologique dénué de vraie profondeur. Le récit accumule aussi les développements dramatiques effleurés (fausse couche ! déficit de l’attention !) et périphériques à la trame principale.

La pièce, qui se veut critique de la quête d’extase à tout prix, porte aussi une vision caricaturale. Notamment durant la retraite de yoga, alors que l’héroïne — qui s’adresse parfois, sans crier gare, au public — prend à témoin les spectateurs de son regard parodique sur les illuminés qui l’entourent (Marc-François Blondin). Mais même la dimension humoristique du texte lève rarement, manquant de mordant. Il faut dire que le jeu de Véronique Pascal semble parfois en déficit de timing comique.

La séance de yoga débouche au moins sur une scène surréaliste, alors que Toshiro Mifune (Louis-Olivier Mauffette), le légendaire acteur des Sept samouraïs, apparaît pour sommer la pauvre Mélanie d’arrêter de fuir son traumatisme originel (le suicide du père). Une sortie bienvenue du réalisme que cette séquence plus surprenante.

Mais dans le registre de la quête de sens, guidée elle aussi par un mentor fantasmatique, on ne peut s’empêcher de penser alors au récent Psychédélique Marilou, de Pierre-Michel Tremblay. Une pièce qui était autrement plus drôle…

Mélanie sans extasy

Texte d’Édith Paquet. Mise en scène de Nicolas Gendron. Une production Le Choix de la Présidente. À la salle intime du théâtre Prospero jusqu’au 17 mars.

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