Théâtre - Le TNM dévoile sa prochaine saison, pleine de surprises

Denis Bernard, Marie Tifo, Emmanuel Bilodeau et la directrice Lorraine Pintal étaient tout sourire hier lors du lancement de la programmation du Théâtre du Nouveau Monde.
Photo: Jacques Grenier Denis Bernard, Marie Tifo, Emmanuel Bilodeau et la directrice Lorraine Pintal étaient tout sourire hier lors du lancement de la programmation du Théâtre du Nouveau Monde.

Un nouveau Marivaux dirigé par Claude Poissant, Le Procès de Kafka mis en scène par le cinéaste François Girard, une comédie de García Lorca, un Shakespeare à six mains, dont quatre multimédias, le dernier roman de Nancy Houston transposé sur scène et Tchekhov en prime, en mai: voilà, vite fait, bien fait, le résumé de la saison prochaine au Théâtre du Nouveau Monde.

«C'est une saison musclée, vigoureuse, tonique, avec beaucoup de nouvelles figures», a résumé hier la directrice Lorraine Pintal en dévoilant sa douzième programmation de la noble maison. «Le TNM existe depuis 52 ans. Nous respectons certaines lignes directrices, mais nous y greffons de nouvelles expériences», a-t-elle ajouté en soulignant que García Lorca était très peu joué sur scène au Québec et que Nancy Houston y connaîtra, sauf erreur, sa première transposition scénique.

Reprenons, dans l'ordre d'entrée en scène.

- Claude Poissant, qui en fait une spécialité, montera le Marivaux, en l'occurrence La Fausse Suivante, qui lancera la saison le 21 septembre. Pascale Montpetit sera le chevalier de cette pièce où l'ambigu personnage d'une jeune aristocrate joue la fausse servante pour défendre son honneur et sa dot. Julie McClemens, la muse des marivaudages de Poissant, incarnera la comtesse, l'autre pôle de cette pièce.

- Le Procès de Kafka sera dirigé par le cinéaste François Girard, qui travaillera pour la première fois pour le théâtre de la rue Sainte-Catherine. Alexis Martin sera K et Pierre Lebeau jouera l'inspecteur. L'adaptation est confiée au romancier Serge Lamothe.

- En janvier, on verra La Savetière prodigieuse de Federico García Lorca, dirigée par Martine Beaulne. La metteure en scène a déjà travaillé ce texte il y a une dizaine d'années avec ses étudiants de l'UQAM. «C'est une fantaisie poétique avec, en toile de fond, une dimension politique, celle de la montée du franquisme et du conservatisme religieux dans l'Espagne des années 30», expliquait-elle hier. Mme Beaulne promet des marionnettes, du flamenco, des chants. Nathalie Mallette portera le rôle-titre.

- La Tempête arrive fin février, une Tempête dirigée à trois par la metteure en scène Denise Guilbault et les artistes multimédias Victor Pilon et Michel Lemieux. «Les didascalies de Shakespeare signalent déjà un désir de création multimédia dans l'écriture, a dit ce dernier. Le texte parle par exemple de spectres qui s'évanouissent dans un son étrange. Nous allons pouvoir nous en donner à coeur joie.» Il a ajouté que la création devrait voyager à l'étranger. Le dramaturge Normand Chaurette se charge de la traduction et de l'adaptation jouée par Denis Bernard (Prospéro) et Paul Ahmarani (qui sera tout à la fois Caliban et Ariel).

- La saison officielle se fermera sur Une adoration de Nancy Houston. Le roman sera adapté par Lorraine Pintal, qui dirigera aussi la production. «À ma grande honte, le TNM n'a pas encore fait beaucoup de place à des paroles de femmes depuis que j'y suis, a expliqué la directrice. Il y a peu d'auteures classiques. Mais parmi les grands écrivains que je vénère, Nancy Houston arrive en tête de liste.» Le plus récent roman de la Canadienne installée à Paris raconte «une histoire d'amour à plusieurs voix, où il est question de la survivance de l'artiste dans son oeuvre et de l'être aimé en chacun de ceux qui l'ont aimé».

- La saison se termine avec la réception des Trois Soeurs de Tchekhov, une production du Trident qui a connu un très franc succès. La pièce est mise en scène par Wajdi Mouawad, qui fera donc ainsi son retour sur la scène du TNM, où ses pièces n'ont pas été vues depuis sa célèbre sortie contre la pub trop présente à son goût dans la maison, contre, comme il l'écrivait dans le programme en septembre 1999, «les pétasses argentées, des connards assurés et des gros tas cellularisés qui s'imaginent que le théâtre, dans un pays si monstrueusement en paix, doit être un lieu de divertissement». Bonne princesse, Lorraine Pintal avait alors répété que cela n'empêcherait pas M. Mouawad de retravailler dans son théâtre. Elle tiendra donc promesse.

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