«Le loup de Noël» — Quand un loup affamé s’invite au réveillon

« Aimez-vous ça, Noël ? », demande le comédien Stéphan Côté à la joyeuse et vibrante bande de petits présents au théâtre Les Gros Becs le jour de notre visite. Un oui retentissant donnera le ton à l’ambiance générale, colorant l’interaction qui suivra tout au long de ce spectacle festif, plein d’entrain et de magie baptisé Le loup de Noël.
Alors que les habitants de la vallée remuent ciel et terre pour organiser le plus joyeux des Noëls, un vieux loup affamé et amaigri s’approche du village dans l’espoir de mettre la dent sur quelques victuailles pour calmer la faim qui le tenaille. Voyant une petite lueur s’échapper par l’entrebâillement de la porte de l’église, il s’avance et fonce droit sur l’enfant endormi dans la crèche. Malheur à lui, le petit tout en chair qu’il espérait croquer, n’est en réalité qu’un garçon de cire. Le peuple, pas dupe et affolé, veut lui faire la peau, mais en gentilhomme, le curé fait preuve de bonté et demande qu’on le laisse vivre.
Ce conte, écrit par Claude Aubry et publié pour la première fois en 1962, a été remis à l’honneur par La montagne secrète en 2015 sous la forme d’un livre-disque. Le loup de Noël reprend vie sur scène avec le comédien Stéphan Côté à la narration — narré dans sa version originale par Michel Faubert — accompagné du groupe de musique traditionnelle Bon Débarras. Empoignant banjo, violon, guitare, contrebasse, musique à bouche et guimbarde, le groupe participe activement à la réussite de ce moment féérique.
Sur scène, un voile transparent sépare le comédien des musiciens sur lequel défile une animation des illustrations de Pierre Pratt — les mêmes que l’on retrouve dans le livre — accentuant l’effet magique du conte. Fort d’une mise en scène poétique, délicate et solide signée Edgar Bori, la pièce déborde d’entrain et nous plonge dans l’ambiance festive des soirées dansantes et chantantes d’antan.
Un crescendo de plaisir
Avec une narration dynamique forte de plusieurs bruits, dont des mouvements imitant les personnages du conte, des variations dans le timbre de voix et de nombreuses interactions, Côté s’assure avec aplomb l’attention du public. Répondant au doigt et à l’oeil aux questions ou aux demandes lancées ici et là par le comédien, les petits suspendus à ses lèvres trépignaient sur leur chaise, désireux de participer encore plus à cette grande fête à laquelle ils étaient conviés.
Si quelques tapements de pieds se sont laissé entendre tout au long de la pièce suivant le rythme donné par la musique, la dernière partie du spectacle consacrée essentiellement à la chanson a permis aux enfants de lâcher leur fou, de se lever, de chanter et même de danser sous les conseils du musicien et danseur Dominic Desrochers. Le plancher et les murs du théâtre ont vibré sous les petits pieds qui tournaient, glissaient de côté, sautaient, faisant oublier la présence des bancs, comme s’ils avaient momentanément disparu, laissant toute la place à la joie de s’épivarder.
Une fillette rencontrée avant la pièce s’est d’ailleurs empressée de nous retrouver à la toute fin, pouce en l’air, pour nous dire qu’elle avait beaucoup aimé le spectacle, surtout la musique. Pas de doute, on sort du Loup de Noël, ragaillardi, léger, avec le sentiment d’avoir assisté à une fête rassembleuse.