La pièce «L'amour est un dumpling» ravive les restes de la passion

Zhimei Zhang (au centre), propriétaire d’un restaurant chinois, accueille Nathalie Doummar et Simon Lacroix autour d’une table.
Photo: PL2 Studio Zhimei Zhang (au centre), propriétaire d’un restaurant chinois, accueille Nathalie Doummar et Simon Lacroix autour d’une table.

Savoureuse initiative. La dynamique petite compagnie LAB87 offre depuis l’automne Les 5 à 7 de La Licorne, un combo intégrant rafraîchissement, goûter et courte pièce. Transposition d’un concept écossais, la formule a aussi le mérite d’investir un espace, la belle salle de répétitions du théâtre sis sur l’avenue Papineau, qui paraît particulièrement propice à des représentations. Bien exploité, avec notamment son accès à la terrasse, le lieu est transformé pour l’occasion en restaurant asiatique.

Pour cette deuxième édition, on a droit à une création. L’amour est un dumpling déroule un récit d’une grande simplicité : la réunion, en temps réel, de deux anciens amants, sept années après leur ultime rencontre. Le rendez-vous sera fertile en révélations. Ne serait-ce, dans un premier temps, qu’en constatant la tangente qu’on pris leurs vies respectives, et les compromis que ces artistes, qui formaient un duo musical, ont fait avec leurs rêves. La fille du Plateau (la conversation joue passablement sur les clichés culturels) n’en finit pas de s’étonner, en voyant combien son ancien Roméo s’est rangé, avec sa maison à Saint-Lambert et sa multiple marmaille. Mais elle lui réserve une surprise plus grande encore…

Cette délicieuse petite comédie semble taillée sur mesure pour la formule conviviale du 5 à 7. Le texte est bien construit. Écrits par les interprètes eux-mêmes ainsi que par le scénariste et metteur en scène Mathieu Quesnel, les dialogues se distinguent par leur vivacité et leurs accents naturels. Une qualité importante dans ce contexte de proximité avec les spectateurs. Ils sont mis en bouche avec complète justesse par Nathalie Doummar et Simon Lacroix — dont on connaît les dons comiques, ici mis en valeur. En prime, les comédiens entonnent aussi quelques chansons.

Mais la surprise provient de Zhimei Zhang — l’auteure de Ma vie en rouge, une femme dans la Chine de Mao (VLB) — qui incarne la propriétaire du restaurant, dont la présence attachante ajoute une dimension à la fois réaliste et charmante à la pièce. Voire une couche un peu mélancolique. Notez par ailleurs que le dialogue passe plusieurs fois du français à l’anglais (et à un peu de mandarin !), un choix qui se justifie par le contexte — si j’en juge par mes expériences… — du restaurant chinois. Même si on peut s’interroger sur la nécessité de ce bilinguisme….

La formule réussira-t-elle, à la longue, à attirer des spectateurs autrement peu enclins au théâtre, comme le souhaitent ses idéateurs ? Tous les ingrédients me semblent réunis, en tout cas, dans cette démarche sympathique.

L’amour est un dumpling

Scénario et mise en scène de Mathieu Quesnel. Dialogues de Nathalie Doummar, Mathieu Quesnel et Simon Lacroix. Dans la salle de répétition de La Licorne, en supplémentaires du 8 au 19 mai.

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