Pleins feux sur les artistes autochtones

«Tsekan», d’Émilie Monnet, avec Waawaate Fobister
Photo: Joni Louka «Tsekan», d’Émilie Monnet, avec Waawaate Fobister

Dans la mythologie autochtone anichinabée, le mot « tsekan » fait référence à une roue de médecine qui indique la croisée des chemins.

Tsekan est aussi le nom du spectacle qu’Émilie Monnet présente au festival OFFTA. C’est un spectacle dans lequel elle plonge dans ses propres racines anichinabées, tout en posant un regard critique sur la situation actuelle de la terre et de l’environnement.

Elle utilise comme trame de fond la Prophétie des sept feux, de la tradition autochtone, selon laquelle une croisée des chemins se présenterait au septième feu. « Si on prend le bon chemin, avance Émilie Monnet, on peut se rendre au 8e feu. » Est-ce une réflexion sur l’avenir de la planète ?

Le mythe de la création du monde autochtone met en scène une tortue géante qui représente la Terre. Dans le spectacle Tsekan, cette tortue prend la forme d’une soucoupe volante. « J’avais fait ce rêve d’une tortue en forme de soucoupe volante », dit-elle. Si elle a une connotation futuriste, la soucoupe volante peut aussi faire référence au passé.

Chez les autochtones, poursuit Émilie Monnet, il y a cette croyance selon laquelle les ancêtres venaient des étoiles. Et même les scientifiques ont trouvé de la poussière d’étoiles dans l’eau terrestre, ajoute-t-elle. Le spectacle fait aussi référence à l’extraction du gaz de schiste pour évoquer la détérioration de la planète Terre.

Photo: OFFTA Émilie Monnet

Réappropriation de la langue

 

Émilie Monnet, née d’une mère anichinabée et d’un père français, tente de se réapproprier sa langue. Elle suit des cours d’anichinabé avec un professeur qui vient de Lac-Barrière.

La narration de son spectacle se déroule donc en trois langues, l’anichinabé, le français et l’anglais. « Mettre les langues autochtones sur la scène, c’est super important, dit-elle. Il faut créer des espaces pour entendre ces langues. »

Émilie Monnet est aussi directrice artistique de toute la programmation du volet Scène contemporaine autochtone de l’OFFTA, où se déclineront tant des performances que des projets interactifs et des tables rondes touchant les enjeux de la création autochtone.

« C’est l’occasion de montrer à quel point les artistes autochtones ont une pratique très contemporaine et très multidisciplinaire », dit Émilie Monnet. L’événement Landline : de Masteuiash à Wendake, conviera par exemple les spectateurs à utiliser leur téléphone cellulaire pour entrer en contact en temps réel avec les habitants de ces communautés autochtones innue et huronne. Les départs se feront toutes les heures, les 4 et 5 juin, du café du Monument-National.

Place Émilie-Gamelin, la violoncelliste crie Cris Derken et la chanteuse Frannie Hilder donneront un concert gratuit le 4 juin à 18 h. Le 5 juin, Maria Hupfield et Alanis Obomsawin mêleront conversation et performance, abordant les questions de la solidarité intergénérationnelle et du renforcement communautaire, à la Galerie de l’UQAM.

Mettant en scène de nouveaux talents autochtones, le spectacle Iktomi-Les tisserandes, au parc de la Paix, le 2 juin, propose l’histoire de trois soeurs qui tentent de reconstruire la trame du tissu de leur histoire.

Le même jour, de 16 h à 18 h, une table ronde sur la renaissance des arts autochtones se tiendra au Café du Monument-National.

« Notre culture, nos enseignements, sont une source d’inspiration sans fond, poursuit Émilie Monnet. La plupart des artistes autochtones ont une pratique engagée et politisée. Ils ont un regard sur le monde dans lequel on vit, et sur les relations entre allochtones et autochtones. »

Une autre table ronde se tiendra, le 6 juin, sur le thème : « La performance artistique atteint la masse critique ».
 

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