Un Festival TransAmériques qui a beaucoup brassé d’idées

Le spectacle Khaos, d’O Vertigo
Photo: FTA/Marilène Bastien Le spectacle Khaos, d’O Vertigo

De la corruption municipale aux dérives de la société de consommation, le Festival TransAmériques (FTA) s’est ouvert et conclu (samedi) sur un mode théâtral, avec de troublantes réflexions sociopolitiques très actuelles. En nombre de spectacles comme en propos esthétiques, le théâtre semble avoir dominé cette septième édition (voir la chronique Théâtre d’Alexandre Cadieux).

Chose certaine, l’attrait du FTA consacré à la création scénique d’aujourd’hui ne se dément pas. L’équipe du festival faisait part lundi d’un taux assistance moyen de 91 % dans ses salles. Quatorze spectacles sur 19 ont affiché complet et 46 des 57 représentations ont été présentées à guichet fermé. L’événement a accueilli 43 500festivaliers.


Envoûtement cérébral


Côté danse, on s’est trouvé entre deux pôles : entre les explosions de danse très physique, à la Québécoise (Khaos d’O Vertigo et So Blue de Louise Lecavalier), et les propositions très cérébrales à l’Européenne (Levée des conflits de Boris Charmatz, Sacre du printemps de Xavier Leroy, What We Are Saying d’Ame Henderson). Il y a eu peu de moments où les deux convergeaient. Sauf dans l’impertinent Ainsi parlait… écrit et chorégraphié à quatre mains par le metteur en scène Étienne Lepage et le chorégraphe Frédérick Gravel, délicieux et déconcertant brouillage de frontières entre danse qui pense et théâtre qui danse.


La septième édition s’est certes démarquée par le brassage d’idées philosophiques. La tension entre liberté individuelle et contrainte collective a dominé le « propos » chorégraphique. Mais dans le rendu scénique, certaines oeuvres prenaient très souvent l’allure de thèses en mouvement, où il fallait penser très fort pour trouver l’émotion. On a tout de même eu droit à quelques grands moments de performeuses : quelques tableaux de Dana Michel, malgré son Yellow Towel cousu de fil blanc, et l’ensemble de l’oeuvre de Louise Lecavalier, d’une intensité qui touchait à l’essentiel.


Si le personnage tend à s’effacer du théâtre, selon le collègue Alexandre Cadieux, les codes de la danse sont aussi évacués au point que la danse devient, plus largement, une mise en jeu des corps, des mouvements, de la lumière, de la musique et parfois aussi des mots dans l’espace.

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