Le Caveau-Théâtre de Trois-Pistoles renaît de ses cendres

Le Caveau-Théâtre de Trois-Pistoles renaît des cendres de ses difficultés financières. Les dettes cumulées des dernières années ont été épongées par l'écrivain, non le moindre, du coin, Victor-Lévy Beaulieu, qui empoigne dans l'élan et pour les deux prochaines années les rênes de la direction artistique. Musique, poésie, contes et théâtre, dont une nouvelle pièce de «VLB», sont de la programmation.
Début juillet, Les Menteries d'un conteux de basse-cour signait le retour, devant une salle pleine, de la création théâtrale au Caveau-Théâtre. Les aventures et mésaventures d'Abel Beauchemin, ce quasi-alter ego de VLB, y sont portées par le comédien Jean Maheux. Inspiré à la fois du roman Race de monde! (VLB) et du récit Ma vie avec ces animaux qui guérissent (Trois-Pistoles), ces Menteries ramènent l'auteur, et la verve si claquante de ses romans, à la dramaturgie.«J'ai essayé de garder la sonorité de ma langue, expliquait Victor-Lévy Beaulieu en entrevue téléphonique plus tôt cette semaine, mais en l'apprêtant d'une autre façon. Je l'ai travaillé pour que ces mots-là, ces phrases deviennent comme des petits coups de tonnerre dans la pièce. J'ai une langue littéraire et orale, mais au théâtre, quand Jean-Abel dit: "Après que je suis naissu, on a voulu me baptêmer", faut laisser le temps au spectateur de comprendre, de rentrer dans les mots. Et j'ai mis des situations cocasses. On peut rire. J'ai pas touché à ça beaucoup avant dans mon théâtre.» Présentée du mercredi au samedi, la pièce refuse la tradition des situations tarte à la crème usuelles aux théâtres d'été, indique encore l'auteur de La Grande Tribu et de Bouscotte (Trois-Pistoles). «On a fait du théâtre pauvre, comme je l'appelle: avec des moyens de fortune, on a trouvé le moyen de faire un super décor, des éclairages et des costumes qui ont coûté trois fois rien, plein d'imagination et de trouvailles.»
Les dimanches, autre ton, avec un hommage à Sylvain Rivière. «Il célèbre cette année 30 ans d'écriture et d'animations culturelles, poursuit M. Beaulieu. Il offre un atelier de création littéraire l'après-midi, et le soir se fait raconteur. Il donne dans la langue gaspésienne un de ses bons livres, La Saison des quêteux.»
Les talents locaux ne sont pas oubliés, la scène leur est ouverte les lundis. Musique, percussions africaines, humour et chanson s'y déploient.
Finalement, VLB reçoit et tient salon, accueillant lors de conversations publiques des artistes ou des intellectuels qu'il apprécie. Pierre Maisonneuve y est passé, Dominic Champagne et Fabienne Larouche y seront dans les prochaines semaines.
La direction artistique semble bien seoir à VLB. L'auteur a mis fin en décembre «au dernier roman de la série que j'avais annoncée en 1973. Et les sept ou huit dernières années, j'ai dû écrire à peu près 5000 pages. Le 15 janvier, j'ai arrêté d'écrire. Break syndical pour six mois. Le théâtre tombe à point, me permet de rencontrer plein de gens, plein de jeunes qui sont là, qui ont finalement juste besoin d'un coup de main pour faire ce qu'ils ont envie et prendre la relève dans deux ans. Ça fait rajeunir le travail, quand vous le faites avec des gens plus jeunes que vous.» L'équipe aimerait que cette relance permette d'ouvrir le Caveau-Théâtre à longueur d'année, et le directeur artistique a déjà des idées pour sa saison automnale.