Théâtre - L'environnement en folie

Compagnie de création, le Petit Théâtre du Nord a coutume de présenter des pièces un brin différentes du menu estival ordinaire. Il faut reconnaître à l'auteur élu cet été, Jean-François Nadeau (à ne pas confondre avec celui du Devoir), l'originalité de ne pas donner dans la pantalonnade traditionnelle. L'étonnante comédie éclatée du comédien-scénariste emprunte à plusieurs genres — fable, comédie, fantastique.
À commencer par un thème qui n'a rien de réchauffé dans nos salles climatisées: l'environnement. Dans un hiver doux rendu fou par les changements climatiques, où l'on joue au golf en plein février, la compagnie qui emploie Sylvain (Sébastien Gauthier) vit des jours sombres à cause de l'anathème frappant les sacs en plastique non recyclables. Sommé de trouver une solution dans les deux jours, l'antipathique cadre aura une étrange version moderne de Boucle d'or et les trois ours. Un parcours initiatique emmènera cet homme carriériste, qui néglige sa famille, à redécouvrir les valeurs vraiment importantes...Sac à sacs raconte donc une sorte d'histoire de rédemption, qui emballe une réflexion assez poussée, pour la saison, sur les contradictions de nos pratiques environnementales. Maniant une langue crue, une conversation de businessman truffée de mots anglais, Nadeau y parle notamment des tendances actuelles du marketing, dans un échange intéressant mais peut-être un peu technique pour le genre. Mais la pièce nous entraîne rapidement ailleurs, passant du commentaire social à une touche de quiproquos vaudevillesques (une variation sur l'homme dans le placard...), puis à la fantaisie pure.
Le revers de cet objet estival inusité, c'est une intrigue lâche et dispersée qui part dans toutes les directions, et tourne plutôt court. Le spectacle semble aussi manquer quelque peu de rythme, avec des longueurs causées par de nombreux changements de décor. Paraissant plaqués sur l'intrigue, les personnages secondaires amusent toutefois, comme l'hilarant homme à tout faire campé par Luc Bourgeois. Et avouons que les ours parlants valent bien le détour...
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Sac à sacs
Texte de Jean-François Nadeau. Mise en scène de Philippe Lambert. Au Centre communautaire de Blainville jusqu'au 21 août.
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Collaboratrice du Devoir