Un nouveau Tremblay, la première pièce solo pour le théâtre de Claude Meunier, un duo de comédiens célèbre dans un classique du théâtre français contemporain et deux pièces américaines assez percutantes, voilà en rafale ce que nous offrira la Compagnie Jean Duceppe pour son 30e anniversaire la saison prochaine. C'est ce qu'annonçait hier Michel Dumont le directeur artistique de la compagnie avec quelques trémolos dans la voix en faisant référence aux 29 premières années du théâtre de la salle Maisonneuve de la PdA et en traçant le bilan de la saison qui s'achève. Les trémolos étaient justifiés; cette saison 2002-2003 offrira deux créations québécoises tout en donnant aux presque 15 000 abonnés de "chez Duceppe", comme on dit dans le milieu, l'occasion de remettre quelques pendules à l'heure tout en s'éclatant (de rire).

Mais voyons plutôt les choses dans l'ordre chronologique. La saison s'ouvrira sous d'étranges augures, le 11 septembre, avec La Preuve de David Auburn traduite par Benoît Girard et mise en scène par Monique Duceppe. Marie-Hélène Thibault, Benoît Girard, Marie Michaud et Daniel Thomas viendront incarner cette histoire où la folie et le génie se côtoient sur fond d'égalité et d'équations mathématiques. Dès le 30 octobre, c'est ensuite L'Année du championnat de Jason Miller, traduite par Michel Côté et Marc Grégoire et mise en scène par Denis Bernard qui prendra la relève avec son tableau à la fois délirant et inquiétant de mâles américains ordinaires se retrouvant pour célébrer... mais qui devraient avant tout réussir à nous faire grincer des dents.

Normand D'Amour, Michel Dumont, Michel Laperrière, Roger Léger et Jean-François Pichette seront de la distribution. Michel Dumont a pris un malin plaisir à souligner que L'Année du championnat faisait partie de la programmation de la première saison de la compagnie il y a 30 ans, mais que le racisme et le sexisme à la petite semaine dont parle la pièce n'ont pas vraiment vieilli non plus. Puis, du 18 au 21 décembre et ensuite du 7 janvier jusqu'au 8 février, ce sera le retour de L'Ouvre-boîte de Victor Lanoux avec le duo Rémy Girard et Normand Chouinard qui sera dirigé ici par Martine Beaulne. On apprenait aussi en conférence de presse que les deux comédiens joueront alternativement les deux rôles de l'intellectuel et de l'opprimé confinés à un réduit souterrain et qui doivent apprendre à partager maintenant que la fin du monde est arrivée.

La période des Fêtes une fois passée, du 19 février au 29 mars, place aux deux créations québécoises. D'abord Le Passé intérieur de Michel Tremblay, une pièce sur l'histoire d'amour qu'a vécue Albertine alors qu'elle avait 20 ans... et qui vient expliquer le fait qu'elle ait été par la suite aussi monstrueuse. André Brassard signera la mise en scène et Rita Lafontaine, Violette Chauveau, Isabel Richer, Sylvain Bélanger et Vincent Giroux viendront incarner cette "genèse de la genèse" de son oeuvre comme Tremblay qualifie lui-même sa pièce.

La saison se terminera par une autre création fort attendue, celle des Noces de tôle de Claude Meunier qui sera mise en scène par Denis Bouchard. Après Les Voisins qu'il signait avec Louis Saïa, c'est la première fois que Meunier écrit en solo pour le théâtre. L'intrigue est assez complexe et raconte l'histoire d'un "surprise party" sur fond de noces d'argent qui tourne plutôt mal. Pierrette Robitaille, Pascale Desrochers, Martin Drainville, Diane Lavallée et Marc Messier donneront vie à des personnages qu'on sent déjà un peu banlieusards dans l'âme.

Mais ce n'est pas tout: pour souligner les 30 ans de la compagnie, Michel Dumont a programmé un spectacle - il s'agit de la reprise de Mambo Italiano -pour cet été qui partira ensuite en tournée dans 25 villes du Québec à l'automne. En février 2003, c'est ensuite le grand succès de cette saison, Fleurs d'acier, qui prendra la route à son tour. Rajoutez à cela une soirée-bénéfice consacrée à Jean Duceppe et vous aurez une bonne idée de la bonne humeur qui s'inscrivait hier soir sur le visage de Michel Dumont.