OSM: ultimes pourparlers avant l'automne
Les musiciens de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), qui organisaient hier une nouvelle manifestation dans les rues du centre-ville, retourneront sur de nouvelles bases à la table des négociations, mercredi prochain, pour les discussions de la dernière chance avant la pause estivale. L'absence d'un accord risquerait de mettre en péril le début de la saison 2005-06, prévu le mardi 20 septembre avec la venue de José van Dam dans un programme inspiré de Don Quichotte.
Aux dernières nouvelles (Le Devoir du 30 juin), le cours des négociations s'était infléchi, les discussions ayant achoppé sur quatre points importants du volet des conditions de travail. Depuis ce mois de juillet donc, on parle d'argent autour de la table, ce qui n'était pas vraiment arrivé, ni en 19 mois de négociations, ni depuis le déclenchement de la grève, le 9 mai dernier. Malgré le recours au service de médiation du ministère du Travail, les trois récentes journées de négociations — jeudi, vendredi et lundi derniers — n'ont pas abouti.Si une journée de discussions a été annulée ce mardi, c'est à la demande des musiciens qui sont en train de formuler une offre globale groupant les volets normatifs et monétaires. Il est vrai que ceux-ci sont intimement liés. Par exemple, de l'entente réalisée sur la délicate question des conditions d'enregistrement dépendra la compétitivité internationale de l'orchestre sur ce marché et, donc, les fruits que les musiciens pourront en retirer. Marc Béliveau, président de l'Association des musiciens de l'OSM, nous dit «vouloir faire prendre conscience à l'administration que certaines demandes des musiciens ne coûtent pratiquement rien». C'est pour cela qu'il vise un «"deal" général».
Ces propositions seront discutées mercredi et jeudi prochains. Si les négociations avancent dans un sens positif, deux sessions, vendredi et samedi, pourront être rajoutées au programme. Ce seront les dernières avant la pause estivale. Marc Béliveau constate que «sur les aspects normatifs, toutes les demandes sont du côté patronal», alors que «sur les aspects monétaires, les demandes viennent de la partie syndicale». Il espère donc «viser l'équilibre».
Mais l'optimisme n'est pas de rigueur. Comme le souligne Jean-Marc Leclerc, qui dirige le comité de négociation des syndiqués, les négociations restent dans l'impasse: «Ça ne va pas fort et on ne sent pas la volonté ou l'urgence de régler le conflit.» Les musiciens demandent, entre autres, une augmentation salariale de 12 000 $ par année et de meilleures conditions de travail, ce que M. Béliveau nomme un «gros rattrapage de salaire». Pour l'heure, le salaire de base d'un musicien est de 60 000 $ par année pour 46 semaines de travail à raison de 20 heures par semaine, et le salaire moyen de 75 000 $. L'OSM se situe ainsi au 34e rang dans l'échelle des rémunérations en Amérique du Nord, échelle qui ne tient pas compte du coût de la vie dans les différentes villes.
M. Béliveau n'est pas beaucoup plus optimiste que son collègue Jean-Marc Leclerc, et regrette le «manque d'ouverture d'esprit» de la partie patronale. Les choses se régleront-elles avant l'automne? «L'idéaliste en moi dit que cela peut se régler, parce qu'on n'a rien à gagner à ne pas débuter la saison prochaine. Mais j'en doute.» Le calendrier permet-il, en cas d'échec dans la semaine à venir, de régler le conflit dès le début de septembre? «J'ose espérer que, dans le cas où on n'arrive pas à une entente la semaine prochaine, on puisse se rasseoir à la table à la fin d'août ou au début de septembre pour arriver à une entente avant le début de la saison», dit M. Béliveau.
L'administration, fidèle à sa ligne de conduite, n'a pas voulu commenter les développements en cours. Bien des paramètres de sa latitude de négociation sont budgétaires. C'est pour cela que Jean-Marc Béliveau a réitéré son appel au maire de Montréal pour que les subventions municipales, «qui n'ont pas évolué depuis 15 ans», soient réévaluées, notamment pour soutenir des projets de tournées «qui transportent le nom de Montréal à l'étranger». Bien des points restent donc en suspens et une résolution du conflit dans la semaine qui vient serait une énorme surprise pour tous.