Festival Musilac - L'efficacité pop et le «sex-appeal» des Franz Ferdinand

Aix-les-Bains — Quatre heures avant le concert, le guitariste Nick McCarthy, de retour de voyage de noces, n'a pas encore rejoint ses trois compères du groupe Franz Ferdinand programmé, le 17 juillet, à Aix-les-Bains, en fermeture du festival Musilac. En l'attendant, Alex Kapranos (chant, guitare), Bob Hardy (basse) et Paul Thomson (batterie) sont allés piquer une tête dans le lac du Bourget, avant de se plier à quelques impératifs promotionnels.

De leur car de tournée, ils ont aussi dicté à leur producteur les dernières consignes pour le mixage en cours de leur deuxième album. Les affaires reprennent pour ce groupe écossais. Même si on a l'impression que la tornade n'a jamais cessé, tant a été rapide la transition entre la sortie, en février 2004, d'un premier opus du même nom (Franz Ferdinand), le succès du disque (3,5 millions d'exemplaires vendus dans le monde), les tournées à guichets fermés et ce nouvel enregistrement.

Au lieu de fignoler pendant des années ses productions (à la façon de Coldplay), le quatuor a puisé dans l'excitation qui l'entoure la matière de ses nouvelles chansons.

Le précédent concert français du groupe, en novembre 2004 au Zénith parisien, s'était terminé en baston [bagarre] dans les loges. Quand elle retrouve enfin son guitariste, la bande semble plus soudée que jamais, prête à la route des festivals de l'été. Sur la grande scène au bord du lac, face aux 10 000 spectateurs savoyards, les quatre de Glasgow reprennent leurs marques, fidèles à leur esthétique de dandys «british» combinant raideur et sex-appeal.

Les guitares retrouvent les «grooves» anguleux qui ont si souvent fait comparer Franz Ferdinand aux Talking Heads et autres formations post-punk du début des années 1980. La succession de titres piochés dans le premier album rappelle aussi à quel point le groupe a su, dans un registre resserré, faire valoir son efficacité pop. Certes, les Écossais n'ont pas encore retrouvé la cohésion qui aiguisait leurs fines lames. Entre acidité et crooning, cynisme et émotivité, le chant d'Alex Kapranos manque un peu de vélocité. Mais l'enthousiasme extatique des musiciens sait répandre sa bonne humeur. L'hymne disco-rock, Take Me Out , fédère toujours les danseurs.

Nouvelles chansons

On guette bien sûr les nouvelles chansons. This Boy creuse ce sillon de danse barbelée déjà tracé dans le premier album. The Fallen, qui conte la chute de Dieu parmi les hommes, cédant à la consommation de drogues jusqu'à devenir un vieil hippie, s'enflamme dans un rock aux paillettes glam. Témoignant du désir des Franz Ferdinand de raffiner davantage leurs construction mélodiques, What You Meant résonne fortement d'une influence Beatles récurrente. Plus étonnante, I'm Your Villain commence par se déhancher à la façon de Take Me Out, avant d'introduire une accélération quasi punk, puis d'ouvrir un troisième tiroir harmonique et rythmique. Il faudra attendre le mois d'octobre pour découvrir sur disque le reste des nouveaux morceaux.

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