Bilan - Du soleil et beaucoup de monde pour le Festival d'été de Québec

La foule était plutôt clairsemée pour le spectacle de clôture livré par les Cowboys fringants et cie, dimanche sur les Plaines.
Photo: Clément Allard La foule était plutôt clairsemée pour le spectacle de clôture livré par les Cowboys fringants et cie, dimanche sur les Plaines.

Québec — On se pétait les bretelles joyeusement hier matin quand est venu le temps de dresser le bilan du Festival d'été de Québec. Les organisateurs estiment à au-delà de 900 000 le nombre de personnes qui ont assisté à l'événement cette année. En attendant les résultats officiels d'une étude commandée auprès de SOM recherches et sondages, ils affirment que l'achalandage de cette année constitue un record à vie pour l'événement. La programmation bonifiée combinée au beau temps ont fait de ce 38e Festival l'un des plus agréables de la dernière décennie.

«Ça fait 15-20 ans que je suis dans le milieu de la culture et des événements, et je dois dire que c'est celui-ci qui, à ce jour, m'a le plus satisfait», lançait le directeur général Daniel Gélinas. Du beau temps, aucune bavure digne de mention, des foules à n'en plus finir, des ventes de bière miraculeuses tant au Festival que chez les commerçants des environs. Tout le monde était content.

Côté musique, la remise des prix Miroir est quant à elle venue rappeler à quel point les grands moments scéniques furent nombreux et variés. Déchiré par les choix à faire, le jury présidé par Didier Varrod (critique musical et ex-programmateur des Francofolies de La Rochelle) a d'ailleurs délibéré jusqu'à 4h du matin dans la nuit de dimanche à hier, avant de se fixer sur Jérôme Minière (Chanson d'expression française), Lila Downs (Musiques et Traditions du monde), Richard Desjardins (Spectacle le plus populaire), les Breastfeeders (Artiste d'ici - Relève) et Calexico (Coup de coeur). Deux mentions spéciales ont en outre été attribuées à Groovy Aardvark pour leur spectacle d'adieu et à Richard Desjardins pour son généreux «spectacle-surprise», au Pigeonnier.

Il est révélateur qu'aucun des artistes qui se sont produits sur les Plaines n'ait été récompensé. Pour s'assurer des succès de foule, le Festival avait fait des choix conservateurs (Starmania symphonique, Rock Story, Offenbach, la famille Dion, Simple Plan, ZZ Top, Hugo et Éric Lapointe, Isabelle Boulay, Billy Talent, Les trois accords), faisant de ce lieu exceptionnel le pendant estival du Colisée.

Avec l'aide du beau temps, le FEQ a remporté son pari et brisé tous ses records d'affluence. Or, la question est maintenant de savoir si des artistes comme ZZ Top (le grand succès de foule du festival avec environ 80 000 spectateurs) sont devenus la locomotive financière du FEQ ou sa marque de commerce.

Le directeur général assure que le Festival demeure dédié à la chanson francophone et aux musiques du monde, mais qu'il faut faire des compromis. C'en était un aussi que de céder le spectacle de clôture à la mégafête des Cowboys fringants, orchestrée par La Tribu. Pour l'obtenir, le FEQ a en effet dû «piler» sur le principe d'accessibilité en vendant des billets. En dépit de la grande qualité du spectacle présenté dimanche, il n'y avait pas foule sur les Plaines. Le message était assez clair. Le Festival existe depuis près de 40 ans et les gens de Québec ont leurs petites habitudes. De la gratuité à l'arrivée du laissez-passer, dont le prix n'a eu de cesse d'augmenter, le public suit, mais pas à n'importe quel prix. C'est le principe du «cover charge»: une personne peut claquer sans hésitation des dizaines de dollars en alcool dans un bar, mais ne lui demandez pas de payer 5 $ pour y entrer.

En conclusion, il serait injuste de ne pas mentionner aussi les audaces de ce 38e Festival, qui nous a permis de découvrir les époustouflants feux d'artifice de Xarxa Teatre, d'assister à la rencontre de Désert rebelle et de s'éclater au retour, en très grande forme, des Secrétaires volantes.

Bilan du Off

Si ce Festival fut si agréable cette année, c'est aussi grâce au Off qui, à son échelle, a lui aussi brisé des records de popularité en multipliant au moins par trois sa petite foule. Étant donné la belle température, les spectacles présentés sur le parvis de l'église Saint-Jean-Baptiste (Buck 65, Improvisation musicale, Kid Koala, etc.) ont rencontré un grand succès. À l'inverse, on a un peu boudé les soirées à la galerie Rouje qui accueillait certains des artistes les plus intéressants (Nicolas Repac, Didier Boutin, DJ Champion, etc.) mais où la chaleur était insupportable. Gonflé à bloc par l'enthousiasme de ses «supporteurs», le Off a déjà promis de revenir l'an prochain. Le temps est peut-être venu de cesser de le voir comme un concurrent du grand frère pour tout simplement goûter les joies de la cohabitation.

Collaboratrice du Devoir

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