Clarinettes dans bien des états

Concert casse gueule: une traversée de six esthétiques divergentes, avec une improvisation en clôture, et qui, en montagnes russes, se révèle un succès grâce à la force de la soliste. La clarinettiste Lori Freedman traverse tout sans difficulté et, au bout du compte, ce qui retient le plus l'attention réside dans l'interprétation qu'elle donne de chacune des oeuvres.

De tout le répertoire ici créé, une constante de vocabulaire s'installe. Ce qui séduit, c'est la variété dans la syntaxe, malgré les grandes inégalités. Comme temps forts, le Without the fear... (Pack), Mesh (Sokolovic) et low memory #3 (Jean) s'assurent du haut du palmarès.

Le premier fait imaginer un contrepoint entre deux instruments, simultanément. L'horizon s'y découvre large, poétique, ouvert sur un ailleurs assez prenant et hypnotique. Monique Jean use bien de la miniature même si on sent que son propos rage de ne pouvoir encore être plus développé: devant ce qui se manifeste comme seule présentation, un brouillard de profondeur demande à s'ouvrir. Freedman, dans ces deux cas, transmet l'intuition avec une réelle tangibilité.

Mesh tire son épingle de pleins de petits trucs techniques réussis et du folklore imaginaire ici pris naïvement. Le ludisme de bon aloi montre une autre facette de l'interprète qui donne l'impression parfois de jouer des secondes frappées.

Le reste, on l'oublie. Ristic verbeux avec bande inutile, Derome décoratif, sans plus et Leggatt d'une insipidité primaire. Seule la réalisation technique évite l'ennui. Une grande interprète sait néanmoins tout rendre à sa juste valeur, sans artifice.

À voir en vidéo