Saison classique: naissance et renaissance

Amorcée ces derniers jours par Les Boréades et le Quatuor Molinari, la saison sera lancée en fin de semaine par un concert de Kerson Leong au Ladies’ Morning et mardi par l’OSM et Rafael Payare dans Le sacre du printemps de Stravinsky et la Messe glagolitique de Janáček. Yannick Nézet-Séguin et l’OM suivront, dès le samedi 16 septembre, avec le programme présenté en mars à Carnegie Hall. Mais le fait de cette rentrée sera la première saison d’un nouvel ensemble et le début de la nouvelle vie de l’Orchestre classique de Montréal.

L’Ensemble Obiora, composé de musiciens et musiciennes de la diversité, a annoncé sa première saison. Le concert inaugural, à la salle Pierre-Mercure le 14 octobre, sera dirigé par la Vénézuélienne Glass Marcano, remarquée lors du premier concours Maestra à Paris. Marcano sera d’ailleurs l’invitée de l’Orchestre Métropolitain en mai prochain. Le 25 novembre, Obiora se présentera en diverses formations de chambre.

Après la naissance, la renaissance, avec la nouvelle ère de l’Orchestre classique de Montréal confiée à Jacques Lacombe à la suite de la tragique disparition de Boris Brott. Pour ce « nouveau départ », l’orchestre a choisi, le 17 octobre, un programme entièrement ukrainien. Lacombe dirigera ensuite, le 23 novembre, l’« opéra-tango » Maria de Buenos Aires de Piazzolla.

Le retour de Malofeev

Les Violons du Roy inaugureront leur saison à la Maison symphonique le 24 septembre avec La Senna festeggiante (La Seine en fête) de Vivaldi, sérénade composée pour l’accession de Louis XV au trône de France. Tout comme l’Oratorio de Noël, en décembre, La Senna sera dirigée par Jonathan Cohen. Son nouveau binôme à la tête des Violons, Nicolas Ellis, sera avec Kerson Leong à la salle Bourgie en novembre.

I Musici et Jean-François Rivest inaugurent leur saison le 21 septembre avec Alain Lefèvre interprétant Mozart. Cinq concerts, au moins, se feront concurrence ce soir-là, dont la grande réconciliation entre l’OSM et le pianiste russe Malofeev, dont l’éviction au début de la guerre en Ukraine avait fait scandale. Le 12 octobre, I Musici accueillera la cheffe Lina González-Granados. Quant à Jean-François Rivest, il entamera sa dernière saison à la tête de l’Orchestre de l’UdeM avec Daphnis et Chloé de Ravel à la Maison symphonique le 12 novembre.

Le fait de la saison est que Frank-Peter Zimmermann, James Ehnes et Augustin Hadelich, ceux que l’on pourrait considérer comme les trois plus grands violonistes au monde (ou, à tout le moins, trois parmi les cinq, si l’on ajoute Kavakos et Tetzlaff), vont tous jouer le Concerto de Brahms : Ehnes le 20 septembre à Ottawa dans une impressionnante semaine d’ouverture de saison de l’Orchestre du CNA, Hadelich avec l’OSQ le 28 mars et Zimmermann avec Payare et l’OSM le 30 avril.

L’autre fait saillant de la saison, ce seront les conflits d’horaire qui juxtaposeront deux grands événements le même soir. Le cas du 21 septembre se reproduira à l’envi au printemps. Cet automne, le samedi 18 novembre est un crève-coeur, avec la Symphonie Leningrad par Yannick Nézet-Séguin à la Maison symphonique et Le couronnement de Poppée (heureusement redonné le lendemain), gros projet de l’Orchestre de l’Agora dans le cadre de la saison de l’Opéra de Montréal, à Pierre-Mercure.

Elim Chan sera, le 3 novembre, la cheffe invitée que l’on guettera particulièrement à l’OM. À l’OSM, Christoph Eschenbach dirigera Augustin Hadelich (dans Berg) les 8 et 9 novembre, Rafael Payare abordera la Turangalîla-Symphonie de Messiaen chère à Kent Nagano, et ce dernier nous reviendra avec Fred Pellerin dans un nouveau conte : Le secret de Polichignon. L’Orchestre symphonique de Laval, toujours à la recherche d’un nouveau chef, recevra Thomas Le Duc Moreau et Andrew Crust. Francis Choinière se mesurera à la 9^e Symphonie de Beethoven le 4 novembre.

Vedettes

Grand rendez-vous de l’automne, le Festival Bach est fidèle au lustre artistique international qu’il donne à la métropole : concert d’ouverture dirigé par Reinhard Goebel le 17 novembre ; récital Sergeï Babayan le 30 et Variations Goldberg par William Youn le 2 décembre. Ce concert sera à garder en mémoire par ceux qui iront voir les Goldberg par Vikingur Olafsson le 24 janvier à Bourgie.

La salle Bourgie, justement, lance sa saison le 27 septembre avec le Quatuor Dover et sa nouvelle altiste, qui aura la redoutable tâche de remplacer Milena Pajaro-van de Stadt. La saison est articulée en séries, dont musique de chambre, pianistes d’exception, récitals vocaux et musique ancienne. L’impressionnante liste des pianistes comprend Christian Blackshaw, Pierre-Laurent Aimard, Llŷr Williams, David Greilsammer, Isata Kanneh-Mason et Jean Rondeau, qui délaissera momentanément le clavecin. Les amateurs seront aussi choyés par le Ladies’ Morning, qui recevra le pianiste Rémi Geniet et deux des meilleurs quatuors au monde : le Quatuor danois et le Quatuor de Jérusalem. Dans la série « Schulich en concert », l’Université McGill recevra Hélène Mercier et Louis Lortie le 13 octobre.

Deux visites de haut vol en musique ancienne à Bourgie : Vincent Dumestre et le Poème harmonique le 28 octobre, et I Gemelli avec le « chanteur possédé » Emiliano Gonzalez Toro, remarqué dans son Orfeo de Monteverdi, le 22 novembre.

De la salle à l’écran

La salle Bourgie organisera un Festival Ligeti les 4 et 5 novembre, ce qui compense la rareté de Ligeti (dont on fête le centenaire) parmi les organismes spécialisés. La SMCQ rendra hommage cette saison à Sandeep Bhagwati, débutant le 24 septembre. Le Vivier est de ceux qui ouvrent le 21 septembre, avec le Quatuor Bozzini. Le Quatuor Molinari a abordé la musique du Hongrois Ligeti il y a un an et se penchera sur Bartók et Debussy en décembre. Le NEM rendra hommage à Harrison Birtwistle dans son concert d’ouverture du 16 octobre.

Sur la scène baroque, le Studio de musique ancienne et Arion se réunissent pour le Messie de Haendel les 17, 18 et 19 novembre, oeuvre que Yannick Nézet-Séguin dirigera juste avant Noël à la basilique Notre-Dame. Mathieu Lussier et Arion associeront Mozart et Hélène de Montgeroult du 6 au 8 octobre, un projet discographique, alors que Vincent Lauzer dirigera les Idées heureuses le 24 septembre. Caprice présentera le Gloria de Vivaldi en octobre, alors que Clavecin en concert soulignera, le 22 septembre, les 250 ans de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours avec « Musique française au temps des bâtisseurs ». La chapelle historique du Bon-Pasteur rendra public le 20 septembre le lieu où se déploieront ses activités après le tragique incendie du printemps.

Quant aux amateurs d’art lyrique, ils auront Les noces de Figaro au programme de l’Opéra de Montréal et diversifieront leur répertoire au cinéma avec trois projets audacieux du Metropolitan Opera : Dead Man Walking le 21 octobre, X: The Life and Times of Malcolm X le 18 novembre et Florencia en el Amazonas le 9 décembre. La musique classique occupera d’ailleurs l’actualité du grand écran avec Les jours heureux de Chloé Robichaud le 20 octobre et Maestro, le film biographique de Bradley Cooper sur Leonard Bernstein, lancé à la Mostra de Venise et qui prendra l’affiche aux États-Unis le 22 novembre. Dans les deux cas, Yannick Nézet-Séguin a oeuvré à titre de conseiller artistique.