Louis Lortie en verve

Le pianiste québécois Louis Lortie était la vedette du concert-bénéfice d’I Musici de Montréal, jeudi à la salle Pierre-Mercure. Il a retrouvé, pour le bonheur des spectateurs présents, des concertos fréquentés il y a longtemps déjà.

C’est par un concours de circonstances, et avec les Concertos n^os 12 et 14 de Mozart, que Louis Lortie, alors âgé de 25 ans, a fait, il y a près de 40 ans, son entrée au catalogue Chandos. Comme le pianiste l’a raconté jeudi, les techniciens de l’étiquette anglaise étaient présents à Montréal pour l’enregistrement du 2^e Concerto pour piano de Chostakovitch avec Maxim Chostakovitch et Dmitri junior, mais les descendants du compositeur étaient retardés. Il y avait donc l’occasion de graver un CD Mozart avant leur arrivée, ce qui fut fait à 48 heures d’avis pour le jeune pianiste.

Amplification

Dans la formule retenue en juin 2023, le piano, sans couvercle, est placé perpendiculairement au chef, entre ce dernier et l’orchestre. Quand bien même, un grand piano Steinway induit forcément un déséquilibre et une amplification de ces oeuvres qui sont des partitions d’esprit chambristes, souvent jouées « a quattro » (piano et quatuor). Louis Lortie ne tente pas de faire de faux compromis et utilise le son large de son piano pour donner un ton plus sérieux et solennel aux deux concertos, notamment dans leurs mouvements lents.

Le pianiste compense cette surcharge en soulignant la fraîcheur et l’humour des mouvements finaux. La fin du Concerto K. 449 est un pur bijou d’esprit. Le pianiste, qui a ajouté la Fantaisie K. 397 à ses prestations, a trouvé en Jean-François Rivest un partenaire énergique, relançant le discours musical avec verve et précision.

Comme d’habitude désormais, ou presque, vu de la salle, le concert a été émaillé de diverses péripéties plus ou moins cocasses ou énervantes. Les préposés ou placiers sont au moins trois dehors et un seul à l’intérieur. Ce dernier se pense sans doute investi d’une mission de type surveillance militaire faisant biper et résonner plusieurs fois son walkie-talkie pendant le 12^e Concerto.

Par contre, sur tout le côté pair, il n’y a personne pour voir et intervenir, notamment auprès de la dame de la rangée J qui immortalise sur son téléphone une bonne partie du concert en illuminant, de son écran plus que de son jugement, les spectateurs de la partie arrière de la salle. Le civisme n’est décidément pas à l’honneur en cette fin de saison.