«Teatro Sant’Angelo», Adèle Charvet et Le Consort

Disque sublime, à tous les points de vue. Une jeune mezzo-soprano se fond idéalement dans ce répertoire vénitien du début du XVIIIe siècle. Elle parvient à négocier les difficiles vocalises (« Astri aversi » d’Amalasunta, de Chelleri) avec une assurance exceptionnelle, sans jamais donner la sensation d’un exploit sportif. Il y a aussi cette sublime ligne vocale dans la maîtrise du souffle et la rondeur de la résonance : l’air « Con favella de’ pianti » de Ristori ne dure que deux minutes mais, renversant de perfection et d’émotion, il met la table pour « Sovvente il sole » de Vivaldi. Il y a ensuite la beauté de l’orchestre, ses timbres, son dosage, sa manière d’être mordant sans verser dans la démonstrativité (L’Olimpiade de Vivaldi). On trouve à la tête du Consort Théotime Langlois de Swarte, ancien premier violon des Arts florissants. Le tout est couronné par le programme parfait du musicologue Olivier Fourés, qui a déniché aux sources des contemporains de Vivaldi dans l’histoire de ce théâtre vénitien deux tiers de premières mondiales.