«Le pelleteur de nuages» de Simon Boulerice en musique

Dimanche, à 15 h, l’Orchestre Métropolitain présentera Le pelleteur de nuages, d’après le récit de Simon Boulerice paru en 2018. Ce projet fait appel à trois créations musicales signées Marie-Claire Saindon, Stewart Goodyear et Denis Nassar Baptista. Placée à la tête de l’Orchestre, Geneviève Leclair nous parle de ce projet pas comme les autres.
« Un jour, en classe, j’ai vu un enfant tirer sur ses manches pour cacher ses doigts. Je lui ai demandé s’il avait froid. Il m’a répondu que non, qu’il ne voulait simplement pas qu’on voie ses taches blanches, causées par le vitiligo. Toi qui cachais tes mains, toi qui ne devrais jamais avoir honte de ça, ce livre est pour toi. »
L’idée d’adapter l’histoire selon le point de vue des trois personnages, une idée de Simon, a enthousiasmé tout le monde
Ce préambule du Pelleteur de nuages écrit par Simon Boulerice en 2018 est aussi important que cette phrase qu’on lit un peu plus loin, définissant le vitiligo dont est affecté le jeune Elliot : « Ceux qui en souffrent ont parfois honte de leurs taches. Ils ne devraient pas, car ce sont souvent nos petites imperfections qui nous rendent uniques. »
À travers des questions à la fois cocasses et existentielles (« Si toute ma couleur disparaît, est-ce que je vais disparaître, moi aussi ? » se demande le garçon à l’imagination débordante), Le pelleteur de nuages est évidemment un plaidoyer pour la différence. Le genre de sujets qui intéressent les institutions musicales ces temps-ci.
Trois narrations
« Lorsque l’Orchestre Métropolitain m’a contactée, le projet était déjà très engagé », se souvient Geneviève Leclair, interrogée sur la manière d’intéresser aujourd’hui un jeune public dans une salle de concert. « Il y a le sujet, la peur d’être rejeté, qui parle à tous, et donc au jeune public. Avoir, de ce point de vue, un bon matériel est essentiel. Et l’idée d’adapter l’histoire selon le point de vue des trois personnages, une idée de Simon, a enthousiasmé tout le monde. »
Cette orientation dans la réalisation du projet a amené la commande de trois oeuvres de trois compositeurs canadiens. « J’ai reçu le tout ; les échanges avec les compositeurs ont été très brefs », nous dit Geneviève Leclair, qui n’est donc pas intervenue dans le processus créatif en tant que tel. Marie-Claire Saindon a composé la première partie, « Les fleurs », évoquant La magie du jardinier, Le langage des fleurs, L’usine à nuages et La fête des couleurs. Stewart Goodyear s’est attaché à la deuxième partie, « Les soupes », et Denis Nassar Baptista conclura avec « Les nuages », une partie décomposée en Le poète, Café au lait, À l’école, Une illumination et Mains de pelleteur de nuages.
« Trois acteurs, qui vont faire la narration, s’intègrent dans les oeuvres de manière différente. Dans le cas de Stewart Goodyear, c’est une oeuvre plus symphonique et continue qui intègre entièrement la narration. Avec Marie-Claire Saindon, il y a de grandes portions de narration entre les mouvements. Et chez Denis Nassar Baptista, même s’il y a plusieurs volets, sa narration fait corps avec la musique. Cela donne trois personnalités musicales très distinctes. »
« La façon dont la pièce est conçue est parfaite pour capter et garder l’attention du jeune public », croit Geneviève Leclair. « Il n’y a pas de mise en scène, mais la manière dont l’histoire se déroule est très imagée, et la musique de Marie-Claire Saindon pourrait presque être la trame sonore d’un dessin animé, alors que celle de Denis Nassar Baptista pourrait se retrouver dans un jeu vidéo. Marie-Claire Saindon prenant la perspective du père, qui est jardinier, il y a des effets sonores aux trombones qui imitent des tondeuses ! La musique qui se colle à la narration, c’est parfait », dit-elle, l’air réjoui.
Le concert sera enrichi par la prestation de deux jeunes lauréats du Concours musical OMNI de l’Orchestre Métropolitain, la saxophoniste Heidi Robichaud et l’altiste Emad Zolfaghari.