Justin Taylor: verve, swing et légèreté

Nouvelle coqueluche du clavecin en France, Justin Taylor venait donner son premier récital à Montréal le jour anniversaire de Jean-Sébastien Bach. Le claveciniste de 30 ans a séduit par son inventivité et son panache.
Rien n’est prévisible dans une interprétation de Justin Taylor. Cela peut être très classique, comme le Concerto italien, déconcertant, comme la Fantaisie chromatique, ou complètement échevelé, comme les allégros finaux des Concertos pour clavecin seul BWV 972 et 978.
L’important pour ce musicien français d’origine américaine, semble être de surprendre. Il se passionne ainsi pour l’enrobage des pièces, cette enluminure créée juste avant d’entamer le morceau principal. Du coup il se crée sur mesure de telles parures, comme pour la Toccata BWV 914, en jouant un mouvement lent d’un concerto pour flautino de Vivaldi qu’il vient d’adapter.
Démonstratif
Justin Taylor a besoin de recréer en permanence. Dans le prélude du 1er Livre du Clavier bien tempéré, joué en premier rappel, il distille quelques inégalités comme de petits vertiges.
Le second rappel, un extrait des variations sur Les sauvages, tiré de son album La famille Rameau, donne beaucoup de clés : on entend la verve, le swing, le tout dans une forme de légèreté qui virevolte.
Cette incartade à Bach explique peut-être le petit malaise ressenti dans la Fantaisie chromatique ou dans ces allégros de Concertos étouffants à force de rapidité. Tout cela est évidemment très impressionnant mais on peut ici privilégier la clarté et le déploiement plus naturel de la musique, comme dans la fugue finale de la Toccata BWV 912, magnifique en soi, mais plus démonstrative que détendue.
Évidemment il y a largement de quoi être ébloui par Justin Taylor, le virtuose, et par son inventivité permanente. Peut-être étions-nous enclins, personnellement, à plus de sagesse ce mardi.