L’Orchestre symphonique de Longueuil, un orchestre «national»? 

L’OSDL devrait annoncer sa décision en mai prochain.
Photo: OSDL / Facebook L’OSDL devrait annoncer sa décision en mai prochain.

L’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL), dirigé par Alexandre Da Costa, songe sérieusement à changer de nom pour se donner une stature nationale. Il est entre autres envisagé de renommer l’organisation « l’Orchestre national du Québec », une appellation pour le moins ambitieuse, ce qui n’est pas sans créer un malaise dans le milieu de la musique classique.

« Je comprends les critiques. En effet, ça peut avoir l’air prétentieux de s’approprier le mot national. Moi non plus, je ne suis pas convaincue. Rien n’est fait encore. Ce sont des choses dont on doit encore discuter », souligne l’ancienne cheffe du Bureau de la culture de la Ville de Longueuil Thérèse David, qui siège au conseil d’administration de l’OSDL.

Sous la direction d’Alexandre Da Costa, l’une des figures de la musique classique les plus connues au Québec, l’OSDL a connu un rayonnement qui va bien au-delà de la simple agglomération de Longueuil ou même de la Montérégie. Les musiciens longueuillois ont même présenté cinq concerts en Amérique du Sud l’an dernier.

Au-dessus de la mêlée

Reste qu’en privé, on murmure que l’OSDL demeure un orchestre somme toute régional par rapport à l’Orchestre symphonique de Québec (OSQ), l’Orchestre métropolitain (OM) et surtout l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM). Pour certains, l’appropriation du titre « orchestre national » laisse croire que l’actuel Orchestre symphonique de Longueuil se place au-dessus de la mêlée. Pire : que l’OSDL tente de faire croire qu’il a un titre officiel reçu du gouvernement du Québec.

Le président du conseil d’administration de l’OSDL, Me Jean-Jacques Rainville, rejette du revers de la main ces critiques et ne voit aucun problème à ce que l’Orchestre symphonique de Longueuil devienne l’Orchestre national du Québec. « À ce que je sache, la Banque Nationale s’appelle nationale, et ce n’est pas la banque officielle du gouvernement du Québec », souligne-t-il.

Me Rainville rappelle à son tour que rien n’est coulé dans le béton. L’OSDL dit avoir une trentaine de nouveaux noms possibles en tête. Aucune option ne serait privilégiée pour l’heure. Reste que la direction a tout de même cru bon de réserver les appellations « Orchestre national du Québec », « Orchestre philharmonique national du Québec » et « Orchestre symphonique national du Québec » au Registre des entreprises.

Il n’est pas impossible non plus que le nom du « 4e orchestre symphonique en importance au Québec », comme on peut le lire sur son site Web, demeure tel quel. L’OSDL devrait annoncer sa décision en mai prochain. Le conseil d’administration doit mandater une firme cette semaine pour s’y pencher de plus près.

Le directeur général, Jean-Marc Léveillé, soutient qu’un nom avec une connotation plus nationale, et moins régionale, permettrait d’attirer de nouveaux commanditaires. « Quand on vient pour aller chercher des sources de financement, les gros commanditaires sont réticents, car ils ne veulent pas s’associer à un orchestre régional. Le nom que l’on a présentement nous confine à une production locale, alors que depuis l’arrivée d’Alexandre Da Costa, on se destine plutôt à une production nationale, voire internationale », fait-il valoir.

Avant 2003, l’OSDL s’appelait l’Orchestre symphonique de la Montérégie. Encore aujourd’hui, il a une vocation régionale au regard des institutions qui la financent. La Ville de Longueuil demeure d’ailleurs le principal bailleur de fonds public de l’orchestre.

Joint par Le Devoir la semaine, le cabinet de la mairesse Catherine Fournier a confirmé avoir été mis au courant de la démarche entamée par l’OSDL pour masquer son appartenance à l’agglomération de Longueuil. « Nous comprenons leur démarche », a-t-on simplement indiqué.

Le directeur artistique et chef de l’orchestre, Alexandre Da Costa, n’a pour sa part pas répondu à notre demande d’entrevue.

À voir en vidéo