José Evangelista n’est plus

José Evangelista, compositeur et pédagogue, Montréalais d’adoption depuis 1970, est décédé lundi 9 janvier à l’âge de 79 ans. Professeur de composition à l’Université de Montréal, il a notamment formé Ana Sokolovic, Samy Moussa et Simon Bertrand. C’est Nino Gabrielli, ancien codirecteur de l’ensemble de musique balinaise Giri Kedaton, qui a informé Le Devoir de la disparition du maestro. « Il a ouvert les horizons de tellement de musiciens d’ici par son enseignement et par son engagement sans faille à la diffusion de la musique balinaise au Québec », a-t-il écrit, soulignant ainsi l’ouverture du compositeur à nombre de musiques et cultures.
À la tête d’un catalogue de plus de 80 oeuvres, le maestro avait été au coeur d’une série hommage de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) lors de la saison 2017-2018. L’organisation invitait alors le public à découvrir sa musique « teintée par ses origines espagnoles et ses nombreux voyages, notamment à Bali ». En ce sens, Evangelista ne fut pas le seul, ici, à être fasciné par la musique balinaise : on pense à Claude Vivier et, antérieurement, sur le plan canadien, à Colin McPhee.
Né en 1943 à Valence, en Espagne, M. Evangelista a mené parallèlement des études musicales et scientifiques, décrochant une licence en physique. Sa biographie publiée par la SMCQ nous apprend qu’un travail en informatique l’a d’abord amené au Canada. Installé à Montréal en 1970, il y a poursuivi son parcours musical et a étudié la composition avec André Prévost et Bruce Mather.
Son mandat de professeur de composition à l’Université de Montréal couvre trois décennies, de 1979 à 2009. « José Evangelista a aussi donné des cours d’ethnomusicologie, qui ont contribué au décloisonnement et à l’ouverture sur les traditions musicales du monde. Pour lui, il n’y a jamais eu de frontières », a souligné jeudi la doyenne de la Faculté de musique, Nathalie Fernando.
La directrice musicale du Nouvel Ensemble moderne, Lorraine Vaillancourt, lui a rendu un hommage touchant jeudi : « Tu es entré dans ma vie de musicienne en 1970, dès mon arrivée à la Faculté de musique de l’UdeM. Depuis, l’amitié, la complicité, le respect mutuel nous ont marqués durablement. »
« Je n’oublierai jamais l’extraordinaire aventure des Événements du neuf », cette société de concerts fondée à Montréal à la fin des années 1970 par José Evangelista, John Rea, Lorraine Vaillancourt et Claude Vivier, a-t-elle souligné.
Lors de l’année Evangelista, en 2017-2018, la SMCQ avait repris Manuscrit trouvé à Saragosse, opéra créé en 2001 à Montréal sur un livret adapté de Jan Potocki, oeuvre dans laquelle le compositeur Walter Boudreau voyait « un condensé de tout ce qui peut nous séduire et nous fasciner dans la musique d’Evangelista ». La compagnie lyrique Chants libres avait quant à elle opté de conclure la saison avec le mélodrame pour voix et percussions La porte (1987), inspiré de contes perses, indiens et arabes, où la musique faisait office d’« enluminure des textes », comme l’écrivait Le Devoir à l’époque.
Matilde Asencio, veuve du compositeur, a exprimé le souhait qu’au lieu « de fleurs, la famille sera reconnaissante de dons à la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) pour son volet jeunesse, dont l’objectif est d’éveiller l’écoute de la musique et l’imagination des jeunes ».
Une version précédente de ce texte, qui qualifiait Nino Gabrielli d'actuel codirecteur de l’ensemble de musique balinaise Giri Kedaton, a été corrigée. Bien lire également que la date du décès de M. José Evangelista est le lundi 9 janvier.