Maara nous souhaite l’euphorie pour le Nouvel An

En à peine deux ans, Maara-Louisa Dunbar est passée de l’underground montréalais à la reconnaissance internationale.
Photo:  Marie-France Coallier Le Devoir En à peine deux ans, Maara-Louisa Dunbar est passée de l’underground montréalais à la reconnaissance internationale.

La Société des arts technologiques (SAT) a créé sa propre tradition du Nouvel An en organisant une fête électronique mettant en vedette les talents locaux et internationaux. L’affiche tout étoile du 31 décembre (22 h) — et toute féminine — de cette 15e édition est déjà garante de succès. Derrière les platines : la compositrice et DJ new-yorkaise Aurora Halal, invitée régulière du prestigieux club Berghain de Berlin ; la compositrice montréalaise softcoresoft, cofondatrice du label Humidex Records ; et la jeune sensation trance Maara, qui commencera la nouvelle année comme elle a passé 2022 : en nous invitant à l’extase.

En à peine deux ans, Maara-Louisa Dunbar est passée de l’underground montréalais à la reconnaissance internationale grâce à ses productions aussi éclectiques qu’énergiques. Comme pour softcoresoft et plusieurs autres représentants de cette génération de compositeurs électroniques, le style de musique trance agit comme dénominateur commun de leurs grooves puisant autant dans le jungle/drum & bass, le techno et le house progressif.

Derrière leurs sons se pointe l’idéal de la belle époque des raves d’il y a presque trente ans, mais sans une once de nostalgie — comment pourrait-il y en avoir, Maara n’a que 26 ans, bien qu’elle admette s’inspirer des musiques électroniques de la fin des années 1990 et du début des années 2000. « Mais je ne cherche pas à reproduire le son de cette époque et à refaire ce qui a déjà été fait auparavant, commente-t-elle. Je m’appuie sur la musique du passé, mais en lui amenant une forme de modernité », laquelle s’exprime dans la fusion, vive et ingénieuse, des différentes tendances de musiques électroniques de danse.

Ces jeunes musiciens ramènent le son trance au goût du jour et les fêtes nocturnes auxquelles on associe ce genre musical : « J’aime les raves parce que c’est un lieu et un moment qui te permettent de t’évader et d’être toi-même, abonde Maara. J’aime les stimulations maximales qu’induit la musique dansante comme le trance, j’aime la force de cette musique et la joie, l’euphorie qu’elle m’apporte. C’est une expérience que seulement les raves peuvent apporter — je ne retrouve pas cette sensation en allant voir un concert de rock ou de hip-hop. Et puis, aller danser sur la musique que joue un DJ est une expérience collective, qui peut avoir une dimension très intime : tu peux aller seul en club pour aller danser et entrer dans ta zone. »
 

Sa zone, Maara l’a arpentée de long en large cette année, ayant été invitée à performer un peu partout à travers le monde. Rentrée d’Europe à la mi-septembre, elle s’est posée deux semaines chez elle, à Montréal, pour ensuite repartir en Australie, puis honorer des engagements aux États-Unis. Elle retournera en Europe aussi tôt qu’en janvier prochain.

J’aime les raves parce que c’est un lieu et un moment qui te permettent de t’évader et d’être toi-même. J’aime les stimulations maximales qu’induit la musique dansante comme le trance, j’aime la force de cette musique et la joie, l’euphorie qu’elle m’apporte. C’est une expérience que seulement les raves peuvent apporter.

« Ouais, 2022 fut une grosse année pour moi », dit Maara, et la suivante s’annonce tout aussi fertile. Après avoir lancé trois minialbums ces onze derniers mois (le plus récent, Fancy Feast, a été lancé en septembre dernier sur l’étiquette néerlandaise Kalahari Oyster Cult), elle prépare le lancement, en mars prochain de son premier album complet, une affaire « conçue pour l’écoute à la maison, avec des éléments de downtempo et de drum & bass », à l’image du savoureux mix qu’elle a concocté en août dernier pour la réputée webradio britannique NTS. live.

Née à Montréal, Maara a grandi aux États-Unis (surtout à Washington D.C.), vécu à Toronto, mais est revenue au bercail sous la recommandation de sa soeur aînée. « Elle m’a dit : “Tu devrais venir étudier ici, la ville est spéciale et le nightlife, excellent.” Ma soeur avait raison. » La musicienne a étudié les sciences politiques à l’Université Concordia, mais s’est surtout trouvé une famille auprès des DJs et compositeurs de la scène underground, Priori (Francis Latreille), Dust-e-1, Ramzi et plusieurs autres. « Des gens qui créaient de la musique excitante et qui formaient une véritable scène. Ce sont eux qui m’ont encouragée à me lancer à mon tour. »

2023, l’année des chantiers

La SAT pourrait devoir faire faux bond aux festivités du Nouvel An l’an prochain en raison d’importants travaux d’entretien et d’amélioration des infrastructures qui devraient commencer le printemps prochain. En juin dernier, au moment des célébrations du 25e anniversaire de l’espace de création et de diffusion multimédias, la direction annonçait des investissements de 17,2 millions récoltés auprès des gouvernements du Québec et du Canada, de la Ville de Montréal et par les activités philanthropiques de la Société pour mettre en oeuvre les travaux.

Photo: Société des arts technologiques Le party du Nouvel An dans la Satosphère, sous les visuels 360 degrés des VJs et aux sons des DJs house et techno

Le plan initial était de fermer complètement la SAT dès le début de la nouvelle année ; des retards dans la planification des travaux forcent la direction à faire appel d’offres à la mi-janvier, avec l’espoir que les travaux commenceront en avril. De plus, indique Jenny Thibault, directrice générale de la SAT, les travaux seront menés par phase, en commençant par la mise à niveau technologique du Dôme : « Nous avons déjà reçu nos nouveaux projecteurs, mais le plancher haptique [permettant de ressentir des vibrations et des mouvements], toujours à l’étape du prototype, ne sera pas encore prêt à être installé. »

« On ne veut pas fermer l’Espace SAT [la grande salle du rez-de-chaussée] pendant la saison estivale, si bien qu’on lancera les travaux après MUTEK », donc quelque part en septembre prochain, ce qui devrait prendre trois mois. Le sous-sol ainsi que l’étage des bureaux seront aussi retapés durant cette année de grands chantiers.

Pendant les manoeuvres, la SAT cherchera à maintenir ses activités de formation en sollicitant des appuis hors de ses murs du boulevard Saint-Laurent.« L’idée est d’organiser des événements que l’on promènera en tournée, jusqu’en régions », annonce Jenny Thibault. Durant l’été, un local pourrait être requis pour poursuivre les formations et des camps de jour, mais la directrice envisage déjà des collaborations avec le Centre PHI ainsi que d’autres lieux de diffusion à l’extérieur de Montréal, comme l’École d’art de Sutton.

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