Sur la route avec Myriam Gendron

«J'ai dû faire 6000 kilomètres avec mon char cet été», révèle Myriam Gendron, qui promène sa guitare et sa voix sur les scènes depuis le début de la belle saison. 
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir «J'ai dû faire 6000 kilomètres avec mon char cet été», révèle Myriam Gendron, qui promène sa guitare et sa voix sur les scènes depuis le début de la belle saison. 

Planté à Béthanie, petite municipalité à quelque 90 minutes à l’ouest de Montréal, le festival La Grosse Lanterne renaît avec une affiche à dimension humaine et la mission de créer une « expérience culturelle unique en forêt ». Le genre de scène qui sied aux chansons de Myriam Gendron, autrice-compositrice-interprète et courroie de transmission entre notre passé chansonnier et le folk contemporain, entre les traditions canadiennes-françaises et américaines du Nord-Est, où le français et l’anglais cohabitaient au gré de ces vagues migratoires transfrontalières. Paru en octobre 2021, son second album, Ma délire. Songs of love, lost & found, fut un succès critique, des deux côtés de la frontière et de l’océan. On y revient avec son autrice.

« J’ai dû faire 6000 kilomètres avec mon char cet été », raconte Myriam Gendron, qui promène sa guitare et sa voix sur les scènes depuis le début de la belle saison. « Je ne sais pas si j’appellerais ça une tournée, puisque les spectacles étaient dispersés [dans le calendrier]. Mais, de la tournée, je n’en ai pas beaucoup fait dans ma vie — j’ai deux jeunes enfants, donc j’essaie de ne pas partir trop longtemps. »

En avril dernier, elle a joué en première partie de Godspeed You! Black Emperor sur plusieurs dates aux États-Unis (« ce fut ma première vraie tournée »), huit ans après la parution de son premier album Not So Deep as a Well, dans lequel elle revisitait l’œuvre de la poète américaine Dorothy Parker. Cet automne, d’autres bouts de tournée sont à l’agenda, aux États-Unis encore, puis en Europe, avant de revenir chanter pour le public montréalais le 8 décembre, à La Tulipe.

Not So Deep as a Well fut aussi un succès critique, « mais de niche », reconnaît Myriam. « Lorsque j’ai terminé de travailler sur Ma délire, j’ai senti qu’il aurait peut-être un potentiel plus grand. Parce que sa palette sonore est plus complète, parce qu’il y a des chansons en français aussi, ce qui plairait davantage au Québec. Puis, il y a le fait que je vais chercher de vieilles chansons. » Le titre, Ma délire, est une référence à un morceau d’un célèbre album de trad québécois, un répertoire qui, tricoté avec celui du folk étasunien et des compositions originales, constitue l’essence de la proposition de Gendron.

Sa démarche a une dimension littéraire, on ne s’attendait à rien de moins de la musicienne qui a étudié les lettres à l’université et travaille également comme libraire. Elle vise aussi à souligner les liens entre la musique folk québécoise et américaine.

« C’est drôle, j’avais justement cette discussion avec un ami avant-hier, alors que je donnais un concert au New Hampshire. On se disait que, dans le fond, on se sent beaucoup plus proche d’eux, les gens du Vermont, du Massachusetts, du Nord-Est, que de ceux de l’Alberta, disons. Je pense qu’il y a plein de passages — culturellement, on est très proches de la Nouvelle-Angleterre. Il y a des ponts entre nos deux cultures. Nos chansons ont voyagé de manière très naturelle, au gré des mouvements de populations, et ça se reflète dans nos musiques traditionnelles. Et ça fait du bien de le rappeler, ça fait du bien, à cette époque où on se renferme dans nos identités. Je trouve ça tellement plus riche, l’échange et le partage, même si c’est cliché de le dire. »

Sobre, mais émotionnellement puissant avec ses orchestrations de guitares parcimonieuses, mais étudiées, Ma délire est un album simplement magnifique — comme l’est d’ailleurs Not So Deep as a Well. À la différence qu’il fut remarqué, et le talent de son autrice célébré, enfin.

« Je m’attendais à ce que Ma délire devienne quelque chose de plus gros, mais je ne m’attendais pas à ça », les éloges dans Pitchfork, Slate, Libérationen France, on en passe. « C’est devenu plus gros que je pensais. C’est le fun, mais dur à vivre aussi. Être exposée, la sollicitation qui vient avec, ce n’est pas simple émotionnellement. Et il y a le danger de perdre de vue la raison pour laquelle je fais ça : je fais de la musique parce que ça me fait du bien, d’abord et avant tout. L’aspect médiatique, performatif, je n’y pense pas trop. Mais bon, cela étant dit, je suis ravie de tout ça, évidemment. »

Festival Orientalys

Pour une douzième édition, le festival Orientalys, célébration des cultures orientales — à prendre au sens large, du Japon au Maroc —, nous invite au quai de l’Horloge du Vieux-Port jusqu’au 21 août, avec sa programmation éclatée mariant musique, danse, artisanat et gastronomie. Tout est présenté gratuitement sur les deux grandes scènes entre lesquelles se déploient un village et une programmation d’ateliers variés, allant d’une classe de sculpture de fruits jusqu’à des leçons de chorégraphies K-pop. Côté musique, on y entendra les performances de l’Orchestre de musique arabe de Montréal (vendredi, 17 h 30), du Farzad Milani Quartet (présenté comme une fusion entre jazz et musique perse, samedi, 17 h 45), de la troupe de danse indienne Bollywood Jalwa (samedi après-midi) ou encore de Chibane, auteur-compositeur-interprète engagé, figure de proue de la chanson algérienne moderne.

La Grosse Lanterne

Avec Bran Van 3000, Bon Enfant, Le Couleur, Julie Dany. À Béthanie, du 19 au 21 août



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