L’Université McGill a annoncé à regret en début de semaine la fermeture définitive de son réputé conservatoire de musique, en raison de la chute abrupte du nombre d’inscriptions depuis le début de la pandémie.

Le conservatoire comptait en 2019 environ 550 élèves issus du grand public, principalement des enfants et des adolescents. Puis, les inscriptions ont périclité au plus fort de la crise sanitaire, passant sous la barre des 300 l’an dernier, lorsque les cours étaient donnés seulement en mode virtuel.

L’établissement croyait que le retour des cours en personne permettrait de revenir à la normale. Or, il s’avère que la tendance s’est plutôt accélérée. À l’automne prochain, on projetait d’accueillir au mieux une centaine d’élèves. Et à cela s’ajoutaient les nombreux départs de professeurs depuis le début de la pandémie.

Le Conservatoire de musique de l’Université McGill, qui a été fondé en 1904, a donc choisi de fermer ses portes à la fin de l’été. « Cette décision fut extrêmement difficile à prendre. Nous l’avons prise après mûre réflexion et à la suite d’une analyse rigoureuse », peut-on lire dans un communiqué.

Ceux qui sont inscrits à l’actuelle session d’été pourront terminer leur formation.

L’Université a aussi pris soin d’indiquer au Devoir que la fermeture du conservatoire ne signifie pas la fin de la Faculté de musique. Au contraire, les inscriptions dans les programmes universitaires de l’École de musique Schulich de l’Université McGill sont en hausse.

On constatait d’ailleurs que les locaux manquaient pour les étudiants. Cette situation a aussi pesé dans la balance au moment de décider de la fermeture du conservatoire, a fait savoir l’Université McGill.

Baisse des élèves partout

 

On a également laissé entendre du côté de l’Université que le Conservatoire, qui ne recevait aucun financement public, connaissait des difficultés financières depuis quelques années déjà, avant même la pandémie. Reste que l’annonce a été vécue comme un coup de tonnerre dans le milieu de la musique. « C’est vraiment surprenant. C’était une institution reconnue depuis tellement d’années », confie Valérie Dallaire, adjointe à la direction de l’École préparatoire de musique de l’UQAM.

L’École préparatoire de musique, qui remplit sensiblement la même mission que le Conservatoire de musique de l’Université McGill, a elle aussi vu son nombre d’inscrits chuter au cours de la pandémie. En 2019, 767 élèves suivaient un cours dans cet établissement. Pour l’année en cours, ils ne sont plus que 420.

« La période où on a donné les cours en ligne a été difficile. Il y a eu beaucoup de démotivation chez les jeunes. D’autant plus que pendant une partie de cette période-là, ils faisaient aussi l’école à la maison. Maintenant, le défi, c’est d’aller les rechercher. Ça ne sera pas facile, mais j’ai confiance », dit Valérie Dallaire, qui affiche un optimisme prudent.

Cette dernière est convaincue que la pandémie est entièrement responsable des difficultés que traversent actuellement les écoles de musique. M^me Dallaire ne croit pas à une baisse d’intérêt chez les plus jeunes.

Contrairement au conservatoire de McGill, l’École préparatoire de musique de l’UQAM affiche une légère hausse des inscriptions depuis le dernier déconfinement, même si l’on est encore loin du niveau de 2019.