Le retour des beaux jours à l’entrée de la Côte-Nord

Après le test de résistance de la pandémie, le Festival de la chanson de Tadoussac, pionnier du genre, est de retour à pleine jauge cette année. La crise des dernières années a toutefois donné la chance aux organisateurs de repenser la formule et de s’installer davantage dans le décor du village, porte d’entrée de la Côte-Nord.
Soumis aux aléas d’une météo qui s’annonçait capricieuse pour les quatre jours de cette 38e édition, le directeur de l’événement, Julien Pinardon, préfère éviter de trop regarder les prévisions de pluie ou de veille d’orage. « Il faut lâcher prise si on ne veut pas devenir fou, mais on prépare des “plans B” en cas de pluie », assure-t-il.
Il faut dire que les organisateurs du festival ont fait le pari cette année de tenir une bonne partie des spectacles en extérieur, mais sans compter sur la présence des traditionnels chapiteaux. Jeudi soir, il y avait donc Émile Bilodeau dans l’air frisquet venu de l’estuaire du Saint-Laurent, sur la même scène qui verra défiler les Hay Babies, Clay and Friends, Les Louanges et Lisa LeBlanc.

Si l’idée de se camper dans la nature expose le festival aux éléments, il permet aussi de faire opérer la magie un peu partout à l’embouchure du fjord du Saguenay, souligne Julien Pinardon. « À Tadoussac, on veut se retrouver dans le décor naturel, donc même si c’est risqué d’un point de vue de météo d’avoir des scènes extérieures, on préfère prendre le risque, pour aller chercher la magie des lieux. »
La direction du festival a donc décidé d’installer une scène directement sur la plage, mais aussi de répéter certaines formules, comme un tour, en chanson, de la pointe de L’Islet.
Le public répond d’ailleurs présent encore une fois cette année ; des retrouvailles musicales dont se réjouissent aussi certains artistes qui n’ont pas mis les pieds à Tadoussac depuis plusieurs années. C’est le cas de Lisa LeBlanc, découverte ici en 2011 dans le cadre des « chemins d’écriture », une formule qui permet à des artistes émergents de passer la semaine dans le village, à travailler textes et musiques. Plusieurs sont d’ailleurs passés par là, dont Philippe Brach, Klô Pelgag, Alex Nevsky et Stéphanie Boulay.

« C’est un festival qui m’a donné un très gros coup de main. Ça a été très formateur. C’est aussi là que j’ai connu Karim Ouellet, qui faisait les chemins d’écriture avec moi », se souvient Lisa LeBlanc, qui revient sur place pour la première fois depuis 2013, pour présenter son nouveau spectacle sous le signe de l’album Chiac Disco. « Ce genre de festival nous donne l’occasion d’entrer dans une bulle et en plus, à Tadoussac, le décor est tellement beau. On peut être dans un endroit féerique pendant quelques jours, en se promenant de show en show », ajoute-t-elle.
Découvertes
Vincent Vallières, qui ouvrait le bal jeudi sur la grande scène de l’église avec un spectacle qu’il présentait pour la première fois, accompagné de cinq musiciens, salue pour sa part le caractère particulier de l’événement. « Le cachet de plus de ce type de festival, c’est le rassemblement avec les autres artistes, mais aussi avec le public dans un contexte d’effervescence, au début de l’été, dans un petit village comme Tadoussac. Et on sent bien que le public a un amour réel des artistes et de la culture québécoise », fait-il valoir.

Un amour qui permet aux organisateurs de proposer plusieurs découvertes année après année. En plus des artistes des chemins d’écriture, le Festival de la chanson de Tadoussac permet notamment cette année de découvrir quelques noms à surveiller, dont Marilyne Léonard, qui marie pop, rap et mélodies accrocheuses, le tout, en français. La pièce Bateaux, de son premier album, Vie d’ange, en témoigne bien.
Mais qu’est-ce qui pousse les gens à faire plusieurs heures de route, sur la 138, pour venir jusqu’à Tadoussac ? « Le besoin de connexion est là. La musique est importante pour bien du monde, même si on ne s’en rend pas toujours compte. Il y a plusieurs personnes qui ont pu mieux passer à travers la pandémie grâce à la musique et aux arts. Il faut le réaliser et qu’on assume que c’est super important », affirme Lisa LeBlanc.
À ne pas manquer
Le tour du village, samedi 13 h 30 : on y va pour les artistes (Les Bouches Bées, Dans l’Shed et Marco Ema), mais aussi, et surtout, pour profiter du décor, puisque chaque artiste se produit dans un lieu particulier du village ou de son pourtour.
Lisa LeBlanc, en plein air, samedi 22 h 30 : « On est vraiment dans le Chiac Disco World, donc c’est coloré et c’est vraiment over the top. Le spectacle est vraiment très party », résume la principale intéressée.
Gros Mené, samedi à minuit dans le sous-sol de l’église. Olivier Langevin et Fred Fortin mèneront ce bal de rock pesant qui viendra probablement à bout des plus résistants des festivaliers.