«Reynaldo Hahn. Poèmes Valses», Pavel Kolesnikov

Après les Mazurkas de Chopin, Couperin, les Goldberg, chaque CD de Pavel Kolesnikov est attendu dans l’espoir d’une révélation musicale. Alors, Reynaldo Hahn ? Après tout, pourquoi pas, le prince de l’élégance ? Il peut y avoir suprême musicalité sans côtoyer des abîmes et, par les temps qui courent, Éros caché dans les bois et La fête de Terpsichore sont peut-être de bons antidépresseurs naturels. Et que dire du sublime Réveil de Flore ? En pratique, ces pièces font partie du recueil de 53 poèmes pour piano Le rossignol éperdu. Comme avec les Mazurkas de Chopin, Kolesnikov en a sélectionné une partie (25), agencée selon un parcours intérieur. Et le voilà combinant, de son aveu, Proust (sa soustraction au monde), la musique de Hahn et sa propre claustration sanitaire. Ceux qui ont vécu le concert de Kolesnikov à la salle Pollack s’imaginent ce que veut dire « s’ouvrir à une sorte d’écoute intérieure », but poursuivi par l’interprète. Il y a surtout, ici, beaucoup de nostalgie et de la musique à l’infini, que l’on découvre bouche bée.