«Couleur ciel ecchymose», Mat Vezio

Quatrième album en huit ans, ça devrait se savoir. Ça devrait même se lire : Mat Vezio est plus écrivain que chanteur, sa voix se démarque moins que ses mots. Question de nature : il a d’abord été derrière la batterie pour les uns et les autres : le chemin vers l’avant de la scène n’était pas balisé. Pour tout dire, on en était restés, le concernant, au groupe Mille Monarques : rattrapage nécessaire. Et plus que justifié par cet album, fut-il point de départ à l’envers : dans des paysages de sons à la fois naturels et trafiqués, où un Navet Confit, une Sheila Hannigan, un Guido Del Fabbro sont ses alliés portraitistes, le verbe de Mat Vezio saisit à la jugulaire : « Ça se prend pour Dieu / ça laisse mourir la vie / Ça se branle la queue / Ça laisse pourrir les fruits » (Qui a mis le feu). Sa rage latente, sa tristesse contenue se soutiennent : « Si / Si jamais je pars / Plus vite que prévu / Prends la colère dans tes bras » (Albert). Pour peu qu’il ose pousser la note et s’avance dans le mix, une place l’attend.