Nous resterons vivants, Jean-Christophe Lessard

La voix ne pousse pas la note. Une voix pas tout à fait sortie du bois, qui chérit son coin d’Abitibi. La musique, pareillement délicate, bénéficie du soin apporté par Amélie Mandeville à la réalisation. Quatuor de cordes et guitares tissent une couverture sur laquelle, çà et là, un Wurlitzer (par Martin Lizotte), une guitare électrique (par Louis-Jean Cormier) et des percussions (par Laurie Torres) viennent colorer les motifs. Ça donne du beau, des chansons attentives conjuguées au nous, à proximité de créateurs autochtones, Soleil Launière la compagne innue, Roger Wylde le complice anichinabé. Tout est discrétion et espoir : « On replantera notre jardin / la terre entre tes petites mains / ton cœur qui pousse à côté du mien » (Confettis). On n’est pas pour autant dans un petit paradis de bons sentiments : il faut s’extirper de La course, passer par La grande extinction. Rien n’est encore gagné, mais ce premier album complet de Lessard donne envie de se serrer fort entre nous.