L’oeuvre d'Alain Lefèvre est «autonome», estime la Fondation Brel

Le pianiste québécois avait offert dès samedi de renoncer à ses redevances sur sa composition.
Photo: iStock Le pianiste québécois avait offert dès samedi de renoncer à ses redevances sur sa composition.

Les ayants droit de Jacques Brel ne se formalisent pas des ressemblances entre la composition Dernier souffle, d’Alain Lefèvre, et une chanson de Jacques Brel. La pièce de Lefèvre « est une œuvre autonome qui ne doit rien à personne », jugent-ils après avoir écouté le matériel du pianiste québécois.

« Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en effet, quelques notes [de la composition d’Alain Lefèvre] sont “proches” de celles de La chanson des vieux amants », a indiqué samedi matin Francis de Laveleye, au nom de la Fondation Brel.

Mais il n’y avait pas lieu pour Alain Lefèvre de citer Jacques Brel comme référence ou inspiration dans les crédits de la pièce de son nouveau disque, a ajouté M. de Laveleye au fil d’échanges avec Le Devoir et avec M. Lefèvre.

Samedi, le pianiste avait lui-même écrit à la Fondation Brel pour signaler la publication d’un texte dans Le Devoir où l’on notait qu’une trentaine de secondes de la pièce Dernier souffle paraissaient empruntées au refrain de La chanson des vieux amants. L’article se servait de cet exemple pour demander à partir de quand un compositeur doit reconnaître une influence précise dans un de ses morceaux, et où tracer la ligne entre la simple réminiscence et l’emprunt à une autre œuvre.

Dans son courriel, M. Lefèvre mentionnait qu’il respectait trop l’œuvre de Jacques Brel pour ne pas solliciter « une autorisation formelle » à la Fondation. Il mentionnait que « pour prouver toute [sa] bonne foi », il était « disposé à renoncer à [ses] redevances sur la totalité du morceau ». Francis de Laveleye lui a répondu qu’« il n’y a pas lieu de solliciter une autorisation ».

Au Devoir, M. de Laveleye a fait valoir que, dans l’histoire de la musique, « chacun sait [...] que les sujets abordés par les poètes, les auteurs de chansons, sont souvent proches d’autres œuvres antérieures et qu’il n’est pas toujours simple de distinguer ce qui tient du hasard dans certaines analogies, de l’inspiration plus ou moins consciente, de l’hommage parfois, de la citation délibérée ou du plagiat simple ».

Il fait remarquer que « la “défense de l’intégrité d’une œuvre” — qui est le devoir des ayants droit — ne saurait amener à contester le travail d’autres artistes qui, de façon fortuite ou délibérée, ferait une allusion à une œuvre antérieure. Et la question est encore plus nuancée lorsqu’il s’agit de musique. Car un texte est plus facilement “objectivable” ».

Dans ses échanges avec Alain Lefèvre, Francis de Laveleye rappelait que « Jacques Brel était un grand amateur de musique classique, entouré par deux immenses talents, souvent (co-)compositeurs de ses œuvres, François Rauber et Gérard Jouannest. Personne ne peut prétendre que ces trois artistes étaient sourds et à l’abri de toute influence. Qu’est-ce que la culture, sinon la connaissance du passé et la capacité à l’enrichir avec talent et inspiration ? »

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