The Messenger, Hélène Grimaud

Christian Zacharias y glissait les accords de Don Giovanni dans une cadence. Hélène Grimaud souligne plutôt le dramatisme du Concerto en ré mineur de Mozart en l’introduisant, attacca, par la Fantaisie K. 397, dans la même tonalité. C’est une superbe idée. L’agitation est grande, les interventions saillantes ne se fondent pas (c’est l’anti-Uchida) : il est clair, dans cette vision conquérante, voire abrasive, que ce concerto prépare la voie à Beethoven. Les cadences sont d’ailleurs de lui. « Clair » est le qualificatif qui résume le CD : tout est net, franc, découpé et illuminé, notamment par une prise de son tirée vers l’aigu qui nous rapproche des marteaux. Ressentir les marteaux dans Mozart n’est pas notre rêve ultime, mais le disque est aussi un voyage, et l’association Mozart-Silvestrov, avec des œuvres de l’Ukrainien reposant sur des réminiscences de Mozart, Schubert et Wagner, se révèle le piment de la parution. Au tumulte exacerbé de Mozart répond une sorte de miel sonore éthéré, apaisant en des temps troublés.
Écoutez The Messenger interprété par Hélène Grimaud