La pertinence de l’audace

Le chef Yannick Nézet-Séguin et les musiciens de l’Orchestre Métropolitain pendant un enregistrement à la salle Bourgie ce printemps
Photo: François Goupil Le chef Yannick Nézet-Séguin et les musiciens de l’Orchestre Métropolitain pendant un enregistrement à la salle Bourgie ce printemps

Depuis cinq mois, le mélomane ne savait plus où donner de la tête tant, semaine après semaine, les incitations à l’écoute et à la découverte étaient nombreuses.

Le mot qui caractériserait celle-ci serait plutôt « accalmie », une parenthèse estivale qui nous permet de nous concentrer sur l’audacieux projet Beethoven du Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin, entrepris en juin, on le rappelle, pour mobiliser et employer les musiciens nouvellement déconfinés, alors qu’aucun débouché ne se dessinait encore.

Les améliorations à la plateforme DG Stage dont nous avions eu vent la semaine dernière semblent avoir porté leurs fruits : aucun problème de fluidité de visionnement ne nous a été rapporté.

Le sujet principal à méditer quant aux interprétations des Symphonies nos 7 et 8 diffusées cette semaine a déjà été abordé ici de nombreuses fois : l’art et l’importance des transitions. Calibrer le silence entre le 1er et le 2e mouvement de la 7e Symphonie, laisser amplement tousser, voire applaudir, un public ou, au contraire, ne pas lui donner le temps de respirer et le plonger dans le mystère du mouvement lent n’est absolument pas anodin. Cela fait partie de la compréhension de ce que sont la Musique (avec un grand M) et l’interprétation. Dans cette Septième, Yannick Nézet-Séguin fait les bons choix.

Il reste désormais un (très léger) suspense. Après les Symphonies nos 1 et 3 la semaine prochaine, la 9e Symphonie, autorisée par la Santé publique et enregistrée ces jours derniers, sera-t-elle également diffusée par DG Stage ?

Ailleurs au Québec, les deux derniers concerts de l’île du Bic, payants également, seront retransmis vendredi et samedi, et l’OSM diffusera gratuitement le 1er Concerto de Chopin par Charles Richard-Hamelin et Kent Nagano.

Vous pouvez aussi regarder sur la chaîne YouTube de l’Orchestre symphonique de Québec le premier concert classique donné au Québec depuis l’ouverture des salles à 250 spectateurs. Nous suivons toujours, aussi, les dimanches, les « Solitudes partagées » du Festival des arts de Saint-Sauveur.

Le Festival de Lanaudière a communiqué le bilan de son festival virtuel et, en revendiquant « plus de 54 482 visionnements », a enregistré peu ou prou autant de connexions que de visiteurs lors d’un festival normal.

Cap sur l’Écosse

Le Festival de musique d’Édimbourg présente une édition virtuelle, non pas, comme Lanaudière, à base d’archives, mais avec des prestations enregistrées cette année. Une chaîne YouTube donne le choix. On trouve déjà certaines choses étonnantes, comme une réduction de la 7e Symphonie de Mahler. À noter que Paul Lewis y donne l’intégrale des concertos pour piano de Beethoven et qu’un récital du grand Steven Osborne avec l’Opus 111 de Beethoven doit s’y ajouter jeudi soir.

L’autre festival qui continue à enrichir son catalogue de vidéos est celui de Gstaad en Suisse. Ce peut être l’occasion de faire connaissance avec le pianiste Francesco Piemontesi lors d’un concert Schubert.

On rappellera que Tippet Rise diffuse depuis jeudi un récital de Stephen Hough enregistré en 2019. Tout ce que joue ou écrit ce pianiste est précieux.

 

En opéra, parmi les grandes institutions, il ne reste que le Metropolitan Opera pour alimenter gratuitement la Toile. Vendredi, la maison diffuse le Tristan et Isolde de 2008, une des captations les plus erratiques (la réalisatrice ne savait que faire des longueurs wagnériennes) de l’histoire de ces retransmissions.

Samedi, la Bohème de 2014 est celle où Christine Opolais remplaçait la soprano titulaire à quelques heures d’avis et dimanche, Luisa Miller est la captation « vintage » de 1979. Dans le cadre des diffusions payantes du Met, Roberto Alagna et Alexandra Kurzak donneront un récital dimanche à 13 h.

Il vous reste jusqu’à dimanche pour rattraper le grand Giulio Cesare de Haendel à Glyndebourne et, évidemment, le moment est idéalement propice pour goûter aux perles rares du site Operavision au cas où elles vous auraient filé entre les doigts.

Le trio de tête : Der Schmied von Gent (L’orfèvre de Gand) de Franz Schreker, La légende de la cité invisible de Kitège de Rimski-Korsakov et Violanta de Korngold.

À voir en vidéo