Comment la Place des Arts prépare-t-elle la reprise?

À mi-chemin entre le plan d’aide destiné au secteur culturel, annoncé le 1er juin, et le début des saisons en septembre, où en sommes-nous pragmatiquement dans le processus de déconfinement des arts de la scène ? Le Devoir a interrogé Marie-Josée Desrochers, présidente-directrice générale de la Place des Arts (PdA).
Le dimanche 26 juillet à 15 h, l’Orchestre de l’Agora dirigé par Nicolas Ellis jouera à la Maison symphonique de Montréal pour 50 spectateurs, une assistance composée exclusivement de préposés aux bénéficiaires et autres professionnels de la santé. Selon les promoteurs de ce « Concert solidaire », ce sera le premier concert d’orchestre avec public en Amérique du Nord depuis la mi-mars.
Pourtant le milieu, musical notamment, piaffe. Que s’est-il passé depuis les annonces du 1er juin ? Où en est-on exactement ? Quelle rentrée se prépare ? Marie-Josée Desrochers possède ces réponses. Le Guide de normes sanitaires pour le secteur des arts de la scène, les salles de spectacle et les cinémas a été élaboré fin mai début juin en résultante des discussions de la table sectorielle des arts de la scène et de la diffusion.
« Le Guide est générique. Nous en sommes rendus à son application opérationnelle pour chacune de nos six salles », nous dit Madame Desrochers. Exemple : dans une file d’attente, la distanciation est de 2 mètres. Où déployer la file d’attente ? En salle, elle est passée à 1,5 mètre, ce qui augmente la jauge telle que calculée en mai. Le Théâtre Maisonneuve pourrait ainsi accueillir jusqu’à 362 personnes. Cela dit, le nombre limite autorisé est plafonné à 50 spectateurs actuellement. Il devait passer à 250 personnes « vers la mi-juillet ». « Si c’est annoncé avant le 26 juillet, et que l’Orchestre de l’Agora veut accueillir 250 spectateurs, nous serons prêts, comme nous serons prêts, en septembre, à accueillir le public dans nos salles selon les organisations artistiques. »
Bases évolutives
Le concert du 26 juillet sera un excellent galop d’essai pour la PdA. « Nos équipes seront là pour observer et voir s’il y a des ajustements à réaliser ». Dans l’organisation, « un comité sanitaire » qui regroupe « le service à la clientèle, la gestion des immeubles et de la sécurité et les ressources humaines » se penche sur l’accueil du public dans les six salles et leur possible fonctionnement en parallèle. « Il faut faire une gestion très serrée. Nous avons par exemple étudié s’il est possible d’avoir des spectacles le même soir à la salle Wilfrid-Pelletier et à la Maison symphonique ou à la 5e Salle et à Wilfrid-Pelletier ». Pour ce faire, les horaires de début des spectacles devront par exemple être décalés d’une salle à l’autre. Les « détails techniques » comprennent les protocoles pour les sanitaires, le nettoyage et la gestion des visiteurs qui n’auraient pas leur couvre-visage. « Il nous faut favoriser la fluidité du public dans une expérience la plus agréable tout en respectant les conditions sanitaires. »
Pour Marie-Josée Desrochers, il est important de partir sur de bonnes bases : « J’ai assez confiance que l’expérience sera agréable, car ce qui est mis sur pied durera toute l’année et sera évolutif. » La directrice du lieu souligne que « la Santé publique et la CNESST sont très à l’écoute de ce qui se fait ailleurs », un point non négligeable, puisqu’à la Philharmonie de Paris, il y a une semaine, le concert d’intronisation de Klaus Mäkelä à l’Orchestre de Paris s’est déroulé dans un auditorium garni par plus de 1000 personnes. Le public portant des masques, toutes les rangées étaient occupées avec un siège de libre entre des groupes de spectateurs. Les organismes et la Place des Arts font-ils un lobbying auprès de la Santé publique pour augmenter les jauges ? « J’ai déjà transféré aux intervenants responsables du ministère votre photo de la Philharmonie de Paris. Il faut s’informer de ce qui se fait ailleurs. Le 1,5 m doit être respecté. On prend des décisions selon l’évolution de la pandémie ici. Alors ce n’est pas impossible d’arriver à ce scénario, mais on est à 50 personnes admises, il faut arriver à 250 et après on verra. »
Marie-Josée Desrochers est consciente que « les organismes et producteurs doivent prendre des décisions des mois d’avance avec des informations d’aujourd’hui » et salue les « organisations comme Jean Duceppe qui ont élaboré des programmations alternatives, avec un plateau tournant et plusieurs représentations avec des jauges très limitées ».
Elle jure avoir fait tout son possible pour faire ouvrir le site de Lanaudière cet été : « J’en ai parlé directement avec la Santé publique. Nous étions très au fait des photos de pelouses avec les cercles blancs. Notre souhait était d’avoir 250 personnes sous la partie couverte et d’augmenter la capacité avec distanciation physique sur la pelouse. Nous avions même un mécanisme d’entrée de salle qui n’est pas celui avec lequel le Festival opère d’habitude. Malheureusement, c’est considéré comme un rassemblement majeur. »
En attendant d’accueillir les spectateurs en salle, Marie-Josée Desrochers « participe à l’effort d’animer le centre-ville, avec une ambiance musicale et des projections à travers les vitres » pour faire en sorte que le lieu qu’elle couve préserve son âme.