L’inattingible, Delphine Dora

Trop d’amis (dont Sylvia Hallett, Le fruit vert, Lau Nau) pour tous les nommer, trop d’instruments pour tous les énumérer colorent cette épopée fantomatique signée Delphine Dora. Cordes, vents, synthétiseurs analogiques, sons électroniques, accordéon, bruits divers : c’est un véritable orchestre là-dedans. Mais tout en retenue. La Française invoque avec ce disque en français une spiritualité éthérée ancrée dans les éléments, prenant son essence dans un passé païen et gothique. Demi-incantations, les mots de Dora sont faits d’une poésie du mystère et de l’émerveillement. Les courtes pièces de L’inattingible (déjà, ce titre, c’est beau, non ?) sont une illusion psychédélique collectivement assemblée sous la commande d’un cerveau rêveur. La beauté du geste collectif, c’est qu’il tisse un enchevêtrement anonyme. À qui appartient cette voix, cette note, ce râle ? Qu’importe.