OSM: le bel avantage des intégrales

Kent Nagano a choisi une démarche musicale très fluide et linéaire pour les valses.
Pour ce troisième des cinq concerts de l’intégrale des symphonies de Schubert, Kent Nagano et l’OSM présentaient la mal-aimée 1re Symphonie dans un menu qui attirait l’auditeur par la présence toujours très populaire de valses. La justification du thème est que Joseph Lanner, l’inventeur de la valse viennoise, était un contemporain de Schubert. Terminer le concert par la Valse de l’empereur de Strauss, une œuvre de 1889 qui n’a plus rien à voir avec cet univers (d’où le très généreux vibrato), était surtout une manière de remercier le public.
Le concert était l’occasion d’entendre cette Première Symphonie que l’on ne programme jamais, une symphonie post-Haydn très agréable que Kent Nagano a abordée selon les préceptes esthétiques (finesse des dosages, tempos bien équilibrés, vibrato limité) développés lors du premier concert (Symphonie no 5 et Symphonie no 8). Comme pour l’intégrale Beethoven de mai 2018, l’effectif de l’OSM est subdivisé cette semaine en deux orchestres qui assument alternativement les concerts. À l’orchestre « A » de dimanche succédait, mercredi, un orchestre « B », admirablement mené par Olivier Thouin.
Le son de cet « orchestre B » est plus cohérent et plus rond. Stylistiquement, il est saisissant de voir à quel point la même esthétique donne un son moins émacié et plus souple (violons, violoncelles) avec une sensation de corpus sonore (les bois, appariement flûtes-hautbois notamment) nettement plus fondu. La juxtaposition de la 1re Symphonie et de la 5e Symphonie permet de comparer cela à esthétiques à peu près équivalentes.
Dans les valses, Kent Nagano choisit une démarche musicale très fluide et linéaire qui n’oppose pas trop en contraste les segments des œuvres (Valse de l’empereur). Les tempos sont mesurés et le ton élégant, bien plus que tourbillonnant.
Ce concert marquait aussi l’entrée dans le cycle du ténor Ian Bostridge. Celui qui chantera (avec piano) un demi Voyage d’hiver (lieder nos 1 à 12), vendredi, interprétait mercredi deux lieder, dont le vaste Viola, orchestrés par Detlev Glanert, grand spécialiste des orchestrations modernes, qui a œuvré notamment sur Brahms.
Glanert utilise la taille de l’orchestre schubertien, mais dans un langage de son univers plus contemporain. Le chant de Bostridge, toujours aussi clair de timbre et fin narrateur, a semblé plaqué sur cet accompagnement plutôt que fusionnel avec celui-ci. Le chanteur a été pris à plusieurs reprises de toussotements entre les strophes. Espérons que lui, qui a quitté la scène en plein Voyage d’hiver à la salle Bourgie en février 2018, trouvera de quoi se médicamenter et tiendra le coup, cette fois, vendredi.