Les grandes voix du Québec: le concert des gens heureux

Kent Nagano a fait l’impasse sur le concert de Noël de sa dernière saison en tant que directeur musical, confiant la baguette à Jacques Lacombe. Ceux qui attendaient au vu du titre de la soirée à la réunion d’une brochette de nos vedettes du chant parmi Lyne Fortin, Marianne Fiset, Karina Gauvin, Julie Boulianne, Michèle Losier, Marie-Nicole Lemieux, Frédéric Antoun, Éric Laporte, Jean-François Lapointe, Étienne Dupuis, Philippe Sly, et on en oublie, se seront contentés d’une « formule Duo », enrichie de l’épouse du baryton, d’origine australienne.
Cela dit, Marie-Nicole Lemieux et Étienne Dupuis, avec la participation de Nicole Car, sont tout à fait en mesure de livrer une prestation d’envergure. Une prestation de grande classe, faut-il souligner en premier lieu. S’agissant de Marie-Nicole Lemieux, nous pensons à l’émotion chaleureuse et berçante de Trois anges sont venus ce soir et en ce qui concerne Étienne Dupuis, nous visons en premier lieu son Minuit, Chrétiens, d’une tenue et d’une facilité exemplaires.
Ceux qui pensent qu’avec Minuit, Chrétiens, « il n’y a rien là », sont cordialement invités à en faire une écoute comparée. Il se trouve que nous nous sommes amusés à en écouter quelques dizaines ces derniers jours et très rares sont les réussites de la trempe de Richard Verreau, George Thill ou Jonas Kaufmann.
Ce concert éclectique, allant de la valse Les Patineurs de l’Alsacien Waldteufel à C’est dans l’temps du jour de l’an de La Bolduc, en passant par la Prière du Soir de Humperdinck, du gospel, un reel, Petit Papa Noël et White Christmas, était en fait le concert des gens heureux. Ces gens, les artistes, ont tous exprimé, les uns après les autres, leur joie de passer Noël au Québec, une première depuis deux ans pour Marie-Nicole Lemieux, par exemple. L’occasion leur permettait de partager ce moment sur la scène de la Maison symphonique de Montréal, et le bonheur de ce partage était palpable. On remerciera Nicole Car de son excellent français et de s’être adressée à nous si clairement dans cette langue.
Ce faisant, sur le fond, ce rendez-vous a atteint son but : dispenser un état d’esprit et une ambiance qui passera probablement très bien à l’écran, d’autant que les artistes ont réussi à la fois leurs prestations acoustiques (le chant de type lyrique dans la première partie) et leurs contributions plus populaires, amplifiées, dans la seconde moitié du concert, adaptant le style en conséquence.
Très belle implication des Petits Chanteurs du Mont-Royal, des choristes gospel et de l’orchestre pour un joli millésime, pas vraiment singulier, mais efficace.