Sous les tisons, l’amour encore vivant

On imagine deux êtres dos à dos, deux « corps refroidis » dans le même « grand lit ». L’amour est fragile, un peu usé par le tourbillon de la vie et le temps qui passe. Ils sont dans un chalet, et dans le salon, des tisons dans l’âtre rougissent la pièce sombre et font ce qu’ils peuvent pour que le couple tienne bon.
C’est ce qu’évoque la pièce Du souffle pour deux, d’Ariane Moffatt, qui s’est prêtée au jeu des capsules vidéo du Devoir, L’histoire d’une chanson. Le morceau, qui ouvre son dernier disque Petites mains précieuses, est bien « une chanson de couple », livre la chanteuse.
Au moment de créer Du souffle pour deux, Ariane Moffatt était imprégnée de l’ambiance de la maison de campagne, « avec cette situation d’un feu de foyer qui est là. J’ai senti cette espèce de cocon là, cette intimité, et je suis partie dans l’imagerie du couple qui veut tout faire pour demeurer ensemble, qui est prêt à travailler pour faire en sorte que la flamme continue de brûler. »
Les mots de la chanson reflètent ces explications : « Tant que demeurent / Les marées de chaleur / Entre nos corps refroidis / Je resterai ici ».
« Cette chanson-là est presque un exercice de style, [il y a] toujours cette image de la braise, du tison, du souffle. »
Le fond est ici en harmonie avec la forme, explique Ariane Moffatt, devant le grand piano droit qui trône dans son studio du Mile-End, à Montréal. La respiration du titre, le halètement, pourrait-on dire, se concrétise dans la ligne de base de piano. Elle se retourne devant les touches, qu’elle plaque pour que l’on saisisse bien le motif qui porte le morceau.
« Je voulais que ce soit sensuel, chaloupé. C’est un peu l’histoire de ce dialogue-là, dans une espèce de lenteur. »
Je suis partie dans l’imagerie du couple qui veut tout faire pour demeurer ensemble, qui est prêt à travailler pour faire en sorte que la flamme continue de brûler
Moffatt qualifie la musique de Du souffle pour deux de « slow soul », et évoque Bill Whiters — à qui l’on doit l’immense Ain’t No Sunshine — et Al Green. Sur la version du disque, des violons langoureux viennent ajouter une couche de sens à la pièce. « L’approche d’arrangements des cordes vient [du groupe] Rhye », confie la chanteuse.
Inspirée
Un an après la parution de Petites mains précieuses, Ariane Moffatt poursuit sa tournée, qui la mènera notamment au Théâtre Corona le 17 avril. La chanteuse admet être très créative ces derniers temps, et le piano prend une grande place. « Je me dis qu’il y a un côté sans lendemain, qui me donne envie de faire mon métier. Je suis dans une approche « profites-en donc de ce temps-là, de cette liberté, pour créer », et je me sens bien inspirée. »
Elle mène d’ailleurs un projet parallèle avec Étienne Dupuis-Cloutier, appelé SOMMM. Ensemble, ils composent à la pièce en studio, et chaque morceau est fait avec un collaborateur. Déjà, des chansons avec FouKi et LaF ont été mises en ligne.
« Ça fait des moments de studios incroyables, avec des gens qu’on aime et qu’on écoute. En une journée on part de rien et on fait une chanson, qu’on retravaille ensuite. » Un mini-album devrait voir le jour au printemps.