Un coup d’envoi réussi pour le Festival Bach Montréal

Les musiciens d'AKAMUS ont démontré hors de tout doute que jouer cette musique leur est aussi naturel que de respirer.
Photo: Uwe Arens Les musiciens d'AKAMUS ont démontré hors de tout doute que jouer cette musique leur est aussi naturel que de respirer.

Le Festival Bach Montréal lançait vendredi soir sa nouvelle édition en accueillant, pour deux concerts, les musiciens de l’Akademie für Alte Musik Berlin (AKAMUS), à Montréal pour une troisième fois en dix ans. Présenté à la très richement décorée (ses fresques !) église Saint-Léon de Westmount devant un public nombreux et attentif, l’événement d’hier était consacré aux Concertos brandebourgeois. Couronnée de succès, cette performance-marathon nous a permis de prendre la mesure d’un ensemble de premier plan, en dépit d’une acoustique spécialement ingrate.

Fondée en 1982 à Berlin-Est, AKAMUS s’est fait connaître entre autres par le disque et l’étroite collaboration avec le chef René Jacobs, avec lequel elle a abordé Bach, mais aussi Telemann, Mozart et Cavalieri. Le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, bien connu du public montréalais, compte parmi ses collaborateurs, tout comme la violoniste Isabelle Faust, entendue plus tôt cette semaine à la salle Pierre-Mercure.

Présenter dans un même concert cinq des six Concertos brandebourgeois — la Sinfonia BWV 42 remplaçait hier le Concerto no 6 — constitue une proposition costaude, tant pour les interprètes que pour le public. De la virtuosité des oeuvres et de la variété de leurs configurations instrumentales naît toutefois un spectacle réellement intéressant, qui nous permet d’apprécier toute la polyvalence des musiciens berlinois.

Ces derniers ont démontré hors de tout doute que jouer cette musique leur est aussi naturel que de respirer. Non seulement passent-ils avec une totale aisance du rôle d’accompagnateur à celui de soliste, mais chacun d’eux exprime au sein du groupe une individualité forte. Ceci se fait sentir jusque dans les mouvements chambristes, l’écoute bienveillante et engagée des musiciens pour leurs collègues constituant un spectacle en soi.

De leur interprétation, nous retenons la subtilité des articulations rythmiques et des effets dynamiques plus que la brillance et la virtuosité. Il faut dire que l’acoustique de l’église Saint-Léon ne donnait de cette dernière qu’une idée partielle. En effet, le son restait emprisonné dans le choeur, et un effet de saturation grevait systématiquement les tutti. Nous avons donc vu jouer les cornistes du Concerto no 1 sans vraiment les entendre. Quant à l’apport concertant du clavecin (excellent Raphael Alpermann) dans le Concerto no 5, il se résumait à une rumeur bruitée hors de la célèbre cadence.

Que le public soit sorti enthousiaste de Saint-Léon en dépit de ce problème en dit long sur la qualité de la performance, qui fut exemplaire en tout point, la fragilité du trompettiste dans le Concerto no 2 constituant une exception probablement circonstancielle et certainement bénigne.

AKAMUS : Les Concertos brandebourgeois.

AKAMUS – Akademie für Alte Musik Berlin, Bernhard Forck (premier violon). Église Saint-Léon de Westmount, le vendredi 22 novembre 2019.

À voir en vidéo