Philippe Brach, le goût du risque

L’idée de se mettre un peu dans le pétrin avec des idées qui sortent du cadre, le Saguenéen de 30 ans, il aime plutôt ça.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir L’idée de se mettre un peu dans le pétrin avec des idées qui sortent du cadre, le Saguenéen de 30 ans, il aime plutôt ça.

Explorer la liste des concerts hors de l’ordinaire que le musicien Philippe Brach a mis sur pied dans les dernières années est un exercice un peu étourdissant. En dehors de ses spectacles habituels de tournée, le sympathique excentrique « cultive un goût du risque », qui se matérialisera d’ailleurs une nouvelle fois lundi soir avec Le show chié, qui prendra vie au Club Soda.

« J’aimais bien le défi de remplir une salle le lundi de l’Action de grâce ! » ironise Brach au bout du fil. Il rigole bien, le Saguenéen de 30 ans, mais l’idée de se mettre un peu dans le pétrin avec des idées qui sortent du cadre, il aime plutôt ça.

En mars dernier, à la Maison symphonique, il faisait un essai orchestral et poétique, intitulé Boum Dang Sangsue. Cet été au Festival d’été de Québec il avait engagé un VJ pour projeter du visuel pendant la soirée. Lors de son spectacle Bienvenue à Enfant-Ville, en 2016, on avait notamment pu croiser dans le fond de la salle un boucher qui dépeçait un gummy bear géant au profit du public à la dent sucrée.

« Il y a eu aussi Mysterio Steve, un show thématique au Métropolis qui tournait autour de la magie, si tu veux, se souvient Brach. Et le premier qu’on a fait c’est Le premier Stampede de Calgary à Montréal, à la Sala Rossa… » C’était en 2015.

Manifestement, Philippe Brach, c’est le gars de la gang qui a des idées un peu absurdes dans les partys et qui non seulement s’en souvient le lendemain mais décide de les mener à terme.

« Faire des shows concepts, je cultive ça, c’est mon trip », explique-t-il. « Je suis issu du domaine de l’impro, et j’ai toujours eu ce goût-là de dire quelque chose, de faire quelque chose qui va faire réagir, sans savoir exactement c’est quoi encore. Moi, donner le même show tout le temps, j’aime pas ça. »

Le show chié de ce lundi reste très mystérieux, car Philippe Brach ne peut pas en dire beaucoup sur l’essence de la soirée. « T’en dire un tout petit peu vendrait la grande mèche. Mais je peux dire que c’est une soirée qui sera ornée par le thème de l’échec ». Et il ajoute que ce sera davantage que juste des blagues et un concept, parce qu’il y aura une « portion musicale complète ».

Le guitariste, qui a déjà trois disques dans sa besace, précise que son amour du spectacle conceptuel a toutefois un effet dévastateur sur son compte en banque. « À chaque fois, c’est une dette personnelle assez faramineuse dans laquelle je me plante, dit-il. Je ne suis pas en train de me plaindre, aucunement. Je le fais avec un énorme sourire au visage, je trouve que c’est la plus belle dépense que je peux faire dans la vie. Mais je ne pourrais pas me permettre d’avoir un train de vie professionnel comme ça à toutes les semaines. »

Reste que le billet du Show chié — qui est par ailleurs destiné aux 18 ans et plus — se vend tout juste sous les 40 $, un montant somme toute raisonnable dans le contexte.

« Ce qu’on fait, c’est qu’on décide d’un prix maximal avec la maison de disque, après on décide du maximum de dépenses pour la production. Mais je suis incapable de pas le dépasser, c’est ça qui arrive ! », admet Philippe Brach.

Allez freiner un cheval sauvage qui est aussi prolifique. Brach fait en ce moment la mise en scène du spectacle de l’humoriste Yannick De Martino, a des projets d’émissions de télé et de livres pour enfant, et compte partir trois mois en Afrique cet hiver, notamment pour « brasser la boîte à idées et aller voir d’autres mondes, d’autres cultures, d’autres façons de vivre. »

Brach a envie de s’amuser jusque dans la promotion de ses concerts concepts, comme dans la capsule vidéo lancée lors de l’annonce du Show chié. Le musicien équipé de multiples caméras cachées s’attend à être récompensé d’un disque d’or, mais reçoit plutôt de son agent un maigrissime budget de production.

« Pour vrai, le marketing, c’est jamais pour ça qu’on fait les projets. Il n’y a rien de péjoratif à en faire, mais moi je vois juste ça comme un autre pan de la création. » Tant qu’à se ruiner, aussi bien s’amuser.

Le show chié

Philippe Brach. Au Club Soda le lundi 14 octobre.

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