La Virée classique: la musique de chambre à l’honneur

Désireux de rendre compte de la programmation diversifiée de la Virée classique, Le Devoir a assisté hier soir à deux concerts : à la Maison symphonique, Légende et poésie, avec Marc Hervieux et l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) sous la direction de Kent Nagano et, à la Cinquième salle, L’unique quintette pour piano de Chostakovitch. Deux expériences radicalement différentes du point de vue de l’implication artistique.
Présenté devant une salle comble, Légende et poésie a permis d’entendre le ténor Marc Hervieux dans Les Illuminations du compositeur britannique Benjamin Britten, un cycle de dix mélodies pour voix aiguë — il est parfois chanté par des soprani — et orchestre à cordes sur des poèmes d’Arthur Rimbaud. De cette oeuvre vocalement exigeante et écrite pour des voix plus légères que la sienne, le populaire chanteur a livré une interprétation bien préparée.
Traité par Britten comme un vaste ensemble de solistes, l’orchestre des Illuminations est appelé à réaliser de subtils étagements de rythmes, de dynamiques et de timbres qu’il était difficile d’apprécier vendredi. Pour ce faire, il aurait fallu un engagement supérieur de chaque pupitre, mais aussi du chef, qui aurait gagné à mieux caractériser les pièces du cycle et à en faire saillir les nombreux liens thématiques qui les unissent.
Les extraits des suites d’orchestre de Peer Gynt auraient dû constituer la part bonbon de ce concert : il n’en fut rien. C’est en vain qu’on aura cherché dans cette performance, au-delà de la richesse du son, la présence qui a fait le renom de l’OSM. Souhaitons que le second concert d’orchestre de la soirée, qui mettait en vedette le violoniste russe Vadim Repin, ait bénéficié d’un plus grand soin.
Illustrant l’excellente idée promue par la Virée classique de faire se rencontrer, dans des contextes variés, solistes internationaux (Baiba Skride), lauréats du Concours OSM (Blake Pouliot), membres de l’orchestre (Tavi Ungerleider) et musiciens invités (Lambert Chen et Philip Chiu), le groupe réuni hier soir sur la scène de la Cinquième salle a fait montre, tout au long de la quarantaine de minutes que dure le Quintette avec piano de Dmitri Chostakovitch, d’une réelle entente. En prélude, les musiciens ont interprété une rareté, le Requiem pour piano et quatuor à cordes de Mikhaïl Gnessine, compositeur russe connu entre autres pour avoir enseigné à Aram Khatchatourian, l’auteur de la célèbre Danse du sabre.
L’acoustique ingrate de la salle n’aura pas empêché le public nombreux de communier avec les interprètes, témoignage de l’intérêt bien réel des rencontres musicales offertes par la Virée classique.