L’héritage de Michel Legrand selon Richard Galliano

Michel Legrand était toujours vivant lorsque l’accordéoniste Richard Galliano a enregistré un solo de ses pièces à Tokyo. Un mois à peine avant la mort du compositeur français, il travaillait avec lui à un spectacle, qui a d’ailleurs eu lieu en mai dernier à Paris. Selon les recommandations posthumes de Legrand, c’est Galliano qui a assuré la direction de ce spectacle.
Mercredi, au théâtre Maisonneuve, Richard Galliano présente un hommage à Michel Legrand, précédé d’un duo avec le contrebassiste américain Ron Carter.
« Il aimait beaucoup le son de cet accordéon », raconte Richard Galliano, qui vient d’ailleurs de finir d’enregistrer un album hommage à Michel Legrand.
« Peu de temps avant que Michel meure, il nous a invités chez lui, une grande propriété près de Montargis. […]. Il était fatigué […]. Il a voulu nous faire visiter sa propriété, où se trouve un chêne millénaire. Il m’a dit : “J’ai un cadeau pour toi, c’est un bandonéon.” Alors, on est allés dans sa dépendance, et il y avait toutes ses partitions, Les parapluies de Cherbourg, etc., bien rangées. Il m’a donné ce bandonéon, très particulier, chromatique à la main droite et diatonique à la main gauche. C’est un modèle très rare. Il m’a offert ce bandonéon. C’était quelque chose de symbolique, de très fort. »
Cette relation avec Michel Legrand rappelle à Richard Galliano celle qu’il a eue avec le grand bandonéoniste argentin Astor Piazzolla. « C’était comme un second père pour moi », dit Galliano au sujet de Piazzolla.
Piazzolla, qui a révolutionné le tango en Argentine, avait conseillé à Richard Galliano de suivre sa propre voie. Suivant ses conseils, Galliano a créé le style New Musette, qui a révolutionné la musette traditionnelle française.
Galliano y laisse sa musique traduire ses diverses influences, son admiration pour Piazzolla, mais aussi pour Debussy, John Coltrane ou Bill Evans.
L’hommage à Michel Legrand que rendra mercredi Galliano avec le Quatuor Molinari et le contrebassiste Éric Lagacé compte également deux de ses propres compositions. L’une s’intitule Aurore et l’autre est Portrait de Barbara, un hommage à la chanteuse avec laquelle l’accordéoniste a aussi travaillé.