Jerry Bergonzi, le jazzman savant au FIJM

Jerry Bergonzi a écrit sept livres sur la théorie comme l’instruction musicale, en plus de publier des CD à caractère pédagogique.
Photo: Source SIX Media Jerry Bergonzi a écrit sept livres sur la théorie comme l’instruction musicale, en plus de publier des CD à caractère pédagogique.

Le jazz aussi a eu ses savants, ses innovateurs, ses inventeurs. Jelly Roll Morton, Duke Ellington, Thelonious Monk, Charles Mingus ou encore Cecil Taylor en furent. Aujourd’hui encore, il y en a. Il y en aura même un qui occupera la scène du Upstairs le 1er juillet dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal (FIJM). Son nom ? Jerry Bergonzi, saxophoniste, compositeur, arrangeur et professeur très réputé du New England Conservatory.

Oui, Jerry Bergonzi est un savant. À preuve, il a écrit sept livres sur la théorie comme l’instruction musicale, en plus de publier des CD à caractère pédagogique. L’homme, on insiste, est un des professeurs les plus recherchés en Amérique du Nord. Demandez seulement à Rémi Bolduc, lui aussi professeur en plus d’être un sacré saxophoniste.

Il l’est tellement, savant, il va sans dire, que les critiques de Down Beatet de Jazz Times,sans oublier ceux du New York Times,parlent de lui comme d’un « musician’s musician », un musicien pour musiciens. Entre ses solos très compacts, très logiques, sa façon de les développer, et ses compositions ou encore les arrangements qu’il fait des compositions d’autrui, il y a quelque chose d’unique qu’on ne sait trop comment définir.

Une chose est sûre, Bergonzi partage avec John Coltrane un point commun qui en dit très long sur lui. Voilà, c’est bien simple, tout un chacun sait que lorsque Coltrane n’était pas sur scène, il répétait, répétait, répétait. Lorsqu’il était en tournée et que les autres faisaient, par exemple, les 400 coups sur les quais de la Seine, lui restait à l’hôtel pour travailler. C’est cela, Bergonzi : un travailleur abonné aux heures supplémentaires.

Lorsqu’on a abordé le sujet, celui de sa notoriété, lors d’une discussion téléphonique, il a éludé. Il a usé de l’antidote à la vanité : l’humilité. Mais encore ? « Je n’accorde aucune importance à ma réputation », a assuré ce vétéran des groupes de Dave Brubeck. En fait, on devrait dire qu’il a doublement éludé, car aussitôt dit, il a embrayé sur l’Europe.

Là-bas, sa réputation est beaucoup plus grande ou prononcée qu’elle ne l’est ici. « Je joue plus souvent en Europe, surtout dans les pays scandinaves, qu’aux États-Unis. Je me produis à Moscou, à Paris… un peu partout, parce que là-bas, c’est bien simple, le jazz est plus apprécié. Cela fait partie de leur culture. »

Et les musiciens qui vont l’accompagner, il les connaît, parce qu’ils viennent tous de Toronto ? « Oh oui. J’ai joué fréquemment avec eux au club The Senators, à Toronto. Je connais bien le pianiste Brian Dickinson. Et comme ils connaissent bien maintenant mes morceaux, une espèce de télépathie s’est installée entre nous lorsque nous les interprétons. »

Outre Dickinson au piano, les musiciens en question s’appellent Jim Vivian, à la contrebasse, et Ted Warren, à la batterie. Comme dirait l’autre qui ne blague jamais : Dickinson et compagnie, c’est la crème de la crème du jazz torontois. En attendant la venue de celui qui va tous les rassembler à Montréal, et si le coeur de la curiosité se manifeste, on vous conseille le dernier album de Bergonzi : Seven Rays sur étiquette Savant, une filiale du groupe High Note qui vend et distribue ses productions par l’entremise de Jazz Depot. Mais, pour ce qui est du service après-vente, mettons que ce n’est pas fort.

Revisiter Dr. John

La nouvelle est brutale et surtout triste : Dr. John est mort la semaine dernière à l’âge de 77 ans. Parmi la panoplie de disques qui, tous, baignent dans la « swamp » de La Nouvelle-Orléans, cet immense pianiste et compositeur avait confectionné des beautés qui s’appellent Goin’ Back to New Orleans, Anutha Zone, Creole Moon et N’Awlinz : Dis, Dat, or D’Udda, ainsi que des solos, qui forment au fond une encyclopédie du piano « à la manière » louisianaise.

Jerry Bergonzi Quartet

Au Upstairs, le 1er juillet à 19 h et à 21 h 45, dans le cadre du FIJM



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